La Lettre sur les aveugles et l’éducation des sens
La Lettre sur les aveugles est pour Diderot la première occasion de s’interroger sur les possibilités et les limites sensorielles d’un empirisme éducatif inspiré de Locke et de Condillac. Le problème de Molyneux, exemplification de ce type de question, permet à Diderot de fonder la possibilité et la nécessité d’une auto expérimentation de l’organe de la vue. Celle-ci est complétée par l’information du sens, dans laquelle il faut mesurer la part du raisonnement et celle des autres sens. Selon Diderot, un perfectionnement des sens est en effet possible, qui conduit à une morale et une esthétique, dont la relativité sensorielle, ainsi que celle de nos connaissances, est limitée par l’accès aux notions géométriques. Mais c’est finalement la question du sens interne qui révèle les vraies limites de toute éducation des sens possible : notre type d’imagination et de mémoire informe nos connaissances plus que leur « porte d’entrée » dans notre âme.