Images et simulacres. De rerum natura, livre IV

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Tout le Chant Quatre est mis sous le signe des « images et simulacres », entités à partir desquelles les sensations deviennent explicables, mais aussi les rêves, et le affects. C’est donc leur théorie que nous tentons de mettre à plat et préciser ici.

Partons du plus simple : Quels mots emploie Lucrèce ? Comment conçoit-il les principes des choses ? En un sens, les principes des choses, idées ou entités théoriques contraires que sont les atomes et le vide, précèdent les entités sensibles que sont les images ou simulacres. Mais, en un autre sens, probablement les atomes ont-ils été conçus grâce au modèle des images, parce que celles-ci sont perçues, et jouent le rôle de tremplin pour des conceptions pures.

Procédons par ordre.

1. Epicure, dans la Lettre à Hérodote, écrivait bien (en grec) qu’il existe au principe, des « éléments » des corps desquels ceux-ci sont composés ; que ces éléments sont des choses insécables et immuables, ta… atoma kai ametableta. Il ajoute : oste tas arkhas atomous anagkaion einai somaton phuseis : « de sorte que les premiers éléments doivent nécessairement être les natures corporelles insécables ». (Diogène Laerce, Vies et doctrines des philosophes illustres, livre X, 41 sq) Et l’adjectif qualifiant l’élément : atomos  ou indivisible, était régulièrement repris par Epicure pour désigner l’entité élémentaire elle-même, ce ti ou quelque chose. Par exemple, une fois qu’il a dit :  ta atoma ton somaton kai mesta, les « entités » <ta> indivisibles <atoma> des corps, pleines (sans vide en eux) ont des formes variées (§41), il reprend ensuite en ces termes : kinoustai te sunekhos ai atomai tov aiona : les atomes ont un mouvement continu perpétuel (§43). Enfin, comme chaque atome, solide, se meut dans le vide, les mouvements des atomes n’ont pas de commencement, aidion ton atomon ouson kai tou kénou : car seuls les atomes et le vide qui existent toujours en répondent (§44).

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