Le corps qui rit (en lien avec Le rire, de Henri Bergson)
Charles Darwin parle du rire dans L’expression des émotions, chap VIII. Avec simplicité il dit : « Une joie très vive provoque divers mouvements sans but : on danse, on bat des mains, on frappe du pied, etc. ; en même temps, on rit bruyamment. Le rire paraît être l’expression primitive de la joie proprement dite ou du bonheur. C’est ce qu’on voit clairement chez les enfants qui rient presque sans cesse en jouant. Dans la jeunesse, la gaieté se manifeste aussi fréquemment par des éclats de rire à propos de rien. »
Que se passe-t-il dans le corps ? Le rire est accompagné d’une inspiration profonde, suivie d’une contraction courte, saccadée, spasmodique des muscles thoraciques et surtout du diaphragme. C’est de là que dérive l’expression rire à se tenir les côtes. Le visage se colore, la bouche s’ouvre, les commissures sont tirées en arrière et un peu en haut, la lèvre supérieure se soulève, les joues s’élèvent, le regard brille, des rides s’accentuent autour des yeux. L’ensemble est l’effet du muscle zygomatique qui se contracte. Les sons émis répondent à des expirations courtes et saccadées, à des inspirations prolongées. Du sourire à la gaieté, jusqu’au fou rire, il y a des degrés. Dans le fou rire, « le corps entier se renverse souvent en arrière et se secoue, on tombe presque en convulsions ; la respiration est très troublée, la tête et la face se gorgent de sang, les veines se distendent, les muscles péri-oculaires se contractent spasmodiquement pour protéger les yeux. Les larmes coulent abondamment. »
L’émotion intérieure est la gaieté, et le corps l’exprime vigoureusement. On rit tout seul, en entendant ou lisant quelque chose.
Cette émotion est très communicative. Quand il y a groupe, assemblée, foule, le rire circule, se déchaîne. On rit ensemble, avec les autres.
Ce rire, expression de la gaieté, est parfois dès l’enfance associé à la méchanceté. On rit de quelqu’un. On s’en moque, parfois cruellement.