Jalons pour la question de la croyance

La croyance ne correspond à aucun lieu philosophique défini. Elle ne relève exclusivement ni de la psychologie, ni de la logique, ni de la métaphysique, ni de la morale. Ou plutôt le psychologue, le logicien, le métaphysicien se renvoient entre eux la croyance comme une question toujours externe et de peu d’intérêt. Du point de vue psychologique, la croyance est un état mental qui ne fait qu’accompagner certaines représentations : elle est ainsi doublement contingente. Ce qui est nécessaire dans la vie de l’esprit, ce sont les idées et leur enchaînement. Si la croyance ne fait que s’ajouter parfois aux représentations, elle ne mérite pas une étude spéciale. Surtout la vérité n’est pas un objet pour la psychologie. Or on ne peut séparer dans la croyance son rapport à la vérité. C’est pourquoi la psychologie préfère renvoyer à la logique le traitement de la croyance. Mais la logique au nom d’un concept objectif et formel de la vérité rejette la croyance en n’y voyant qu’une dimension simplement subjective et extérieure du vrai. La croyance par son caractère douteux relève plutôt de ce qui dépasse le domaine de la vérité formelle ou expérimentale, c’est-à-dire la métaphysique. Mais la métaphysique n’est pas moins prompte à délaisser l’étude de la croyance parce que son intention est de rechercher des vérités absolues, pressée de parvenir à des certitudes rationnelles. Si l’esprit commence toujours par croire, il est fait pour s’élever à des conclusions évidentes. Autrement dit :
– le rapport à la vérité exclut la croyance du domaine de la psychologie ;
– la modalité de ce rapport l’exclut de celui de la logique ;
– sa dimension d’origine l’exclut de celui de la métaphysique. Bref, la vérité est à conquérir sur et contre la croyance. Dire que l’esprit commence par le faux ou par la croyance, c’est ici la même chose (Descartes).

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