Pathique et éidétique dans l’œuvre d’art
Toute expérience relève de deux polarités, qu’on peut appeler, en se référant à la langue grecque pathos et eidos.
L’expérience est pathique quand un événement se produit « contre toute attente », nous prend par surprise, nous « saisit », nous submerge, bouleverse nos repères.
L’expérience est éidétique quand l’événement ou la chose sont contenus, maîtrisés, pacifiés par une forme. Le mot eidos, qui signifie forme en grec, est apparenté à oida, savoir.
Ces deux polarités sont en relation dialectique, au sens où chacune, tout en s’opposant à l’autre, ne peut pourtant opérer qu’à travers l’autre.
Impossible d’être saisi sans un saisir minimal, sinon il s’agit d’un choc sans conscience, il n’y a pas d’expérience.
Impossible de saisir sans commencer par se laisser saisir, sinon on ne voit que ce que l’on connaît déjà, on s’enferme dans la répétition du même, il n’y a plus expérience.