Le langage. Revue Alter, n° 19, 2011
L’apport original de la phénoménologie semble pouvoir se ramener à la thèse décisive selon laquelle les phénomènes se présentent à nous avec un sens autochtone qui n’est pas projeté sur eux par nos schèmes langagiers. Ainsi la phénoménologie prétend-elle être en mesure de faire retour aux « choses mêmes » avant que le langage (en particulier celui de la science) vienne en transformer le sens propre. Cependant, on s’est peut-être un peu vite accoutumé à ce paysage méthodologique, jusqu’à ne plus voir qu’il ne va nullement de soi. Il revient alors à la phénoménologie de répondre à un certain nombre d’interrogations qui peuvent être autant d’objections : comment établir phénoménologiquement la précession de l’expérience sur le langage ? De quelle manière le langage peut-il dire l’expérience sans la « falsifier » ? Le langage serait-il à la fois l’instrument et l’obstacle de la description phénoménologique ? Plus fondamentalement, l’être n’est-il pas inséparable du logos de telle sorte que son dévoilement ne saurait s’accomplir indépendamment d’une langue déterminée ?