Publications par Dagognet François

Le vivant

Le vivant ne manque pas de retenir le philosophe, parce qu’il se trouve, avec lui, en présence de ce qui n’est ni un objet (un en soi, caractérisé par un « partes extra partes ») ni un sujet (le pour soi). Il se situe entre les deux ; la matérialité ou la simple spatialité est […]

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Pourquoi l’image est-elle si informante?

Le médecin, en effet, en principe, réagit contre le risque d’omnipotence des techniques, qui le transformeraient en un ingénieur, alors qu’hier il a été le confident (la célèbre relation médecin – malade, le fameux colloque singulier), et surtout celui qui a appris à écouter le patient et son corps même, ce corps qui parle. Le médecin a tenu le rôle d’interprète et voici que ce rôle lui est maintenant contesté.

Je le reconnais volontiers, si les symptômes et les pré-symptômes ne nous alertaient pas, il n’y aurait pas de médecine. La médecine ne pourrait pas commencer. Je ne nie pas l’importance des commencements, mais j’entends, dans les 29 minutes qui m’ont été accordées et que je ne dépasserai pas, montrer qu’il faut les intégrer à un ensemble plus vaste.

Qu’est-ce, au fond, que la médecine, sinon l’opération par laquelle un dedans corporel trouble, incertain, trompeur, va être projeté au¬ dehors, extériorisé et susceptible d’être lu ? C’est dans la visibilité que, vraiment, il faut définir l’acte médical majeur. À cet égard, on doit comprendre que la médecine n’a cessé de remplacer les symptômes indi¬catifs d’un malaise, par des signes, les signes physiques, qui fondent vraiment le diagnostic, la vraie connaissance de la maladie.

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L’image entre reproduction et création

L’image relève d’un statut ambigu, du moins ambivalent : ou bien, avec elle, nous évoquons une image mentale, ou bien nous nous en tenons à une image physique (une photographie ou l’esquisse d’une chose). L’une tend à nous libérer du monde, quand l’autre nous y plonge.

Bien que désignées par le même terme, ces deux images diffèrent nettement, encore que la première ait parfois retenti sur la seconde et empêché des excès de naturalisme.

Nous retrouvons la même amphibologie avec l’imagination : l’imagination dite reproductrice équivaut à un simple redoublement du réel, alors que l’imagination créatrice nous découvre la réalité de l’irréel.
Gaston Bachelard, qui a parfois creusé l’écart entre ces deux imaginations, le reconnaît : « les recherches sur l’imagination sont troublées par la fausse lumière de l’étymologie » .

De son côté, Jean-Paul Sartre publie un ouvrage, L’imagination (en 1936), puis, en 1940, L’imaginaire. Il ne manque pas de reconnaître la dualité. Il ira d’ailleurs jusqu’à considérer que l’imagination ne consiste pas à engendrer des images mais consiste en une quasi-observation sur le mode de l’absence.