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Remarques sur le temps dans la Philosophie de la nature de Hegel

On propose ici un commentaire des paragraphes consacrés au temps dans la philosophie de la nature de Hegel de l’Encyclopédie des sciences philosophiques. La Phénoménologie de l’Esprit s’achève sur le savoir absolu comme récollection totale des figures de l’esprit et l’extériorisation de ce dernier sous ses deux formes : nature et histoire. Au terme du procès phénoménologique la science philosophique présente en effet les moments de son mouvement dans l’éther de la pensée comme système de concepts déterminés et mouvement organique fondé dans soi-même de ces concepts. Le savoir, résultat de la Phénoménologie, connaît soi-même et le négatif de soi-même ou sa limite : il se sacrifie en s’extériorisant, il intuitionne son Soi pur comme le temps en dehors de lui et son être comme espace. C’est ce qui justifie la définition du temps comme « le concept étant-là lui-même » (der daseiende Begriff selbst) : le temps a une sorte de privilège par rapport à l’espace car il exprime le Soi pur du concept, la négativité réfléchie comme telle alors que l’espace comme totalité ontique saturée connote l’immédiateté en raison de la place de la nature dans l’économie de la manifestation de l’Esprit. La nature comme totalité dans l’espace est le devenir immédiat vivant de ce savoir, extériorisation de l’esprit qui subsiste et en même temps mouvement de retour à soi de l’esprit. Le devenir de l’esprit dans le temps se présente sous la forme de l’histoire comme succession lente d’esprits particuliers, lesquels sont autant de moments nécessaires pour la venue à soi du savoir absolu ou de l’esprit qui se sait comme esprit.

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De la phénoménologie à la métaphysique. Impression originaire et flux. La relativisation du temps chez Michel Henry

Phénoménologie matérielle est un texte pivot dans l’itinéraire de pensée de Henry. Ce livre reprend l’ensemble des acquis conceptuels que ses ouvrages précédents de philosophie fondamentale avaient établis. On retrouve en effet les thèmes porteurs de la pensée henryenne : la critique de la pensée philosophique traditionnelle fondée sur le primat de l’ek-statique, la caractérisation de la vie comme auto-affection, l’identité de soi à soi dans le sentir originaire, etc.
Par ailleurs Phénoménologie matérielle prolonge l’attitude critique qui apparaissait déjà dans L’essence de la manifestation et qui a été méthodiquement adoptée dans Généalogie de la psychanalyse. Dans ce livre, Henry établit une lecture des grands jalons de la pensée moderne et contemporaine (de Descartes jusqu’à Freud) afin de montrer comment l’immanence de la vie est à la fois opérante et oubliée. La pensée pressent la pure intériorité affective et non ek-statique de la subjectivité originaire, mais l’oublie tout autant et dans le même geste car elle demeure animée par le modèle de pensée prégnant depuis les Grecs, qui met en place la primauté de l’extériorité. À l’intériorité silencieuse de l’épreuve interne de soi comme affect et qui est pourtant l’originaire, la pensée, jusqu’à nous, préfère la lumière qui donne un monde externe au regard.

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Gustave Guillaume, la langue et le temps

Il suffit de parcourir les titres des articles formant le contenu de Langage et science du langage (1964) pour reconnaître l’importance de la réflexion de G. Guillaume sur le « temps » et son statut dans le « langage ». Je me propose, dans ce qui suit, d’abord de m’appuyer sur Guillaume lui-même, pour rendre compte de sa « représentation » du temps, construite, pense-t-il, à partir d’une observation de son expression, essentiellement dans les langues indo-européennes, particulièrement le français ; dans le mouvement de cet exposé, je serai d’emblée conduit à relever ce que cette représentation a de problématique, c’est-à-dire à montrer qu’elle est une construction qui nous renseigne sur la conception guillaumienne du temps et non sur le rôle des langues dans la construction du temps. J’attirerai plus particulièrement l’attention sur l’inadéquation de la définition guillaumienne de l’aspect et du mode dit « subjonctif ». Après cette entreprise de « déconstruction » – ce concept derridien a l’avantage de laisser entendre que le travail critique n’est pas un travail de démolition, mais est préalable à une reconstruction par simple redistribution d’un matériau sur lequel le critique n’a d’autre prise que celle de la mise en évidence de ses caractéristiques – il me faudra proposer une analyse des langues telle qu’elle rende compte de leurs constituants immédiats – bien plus primitifs que les constituants immédiats syntaxiques de la grammaire générative ; c’est à partir de ces constituants immédiats qu’il nous sera possible d’examiner de quelle façon les langues intègrent la dimension du temps et l’analysent.

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Linguistique et phénoménologie : approche de la temporalité, de Gustave Guillaume à Henri Maldiney

« Le dernier des grands linguistes philosophes », « Une espèce d’autodidacte qui fait une linguistique qui ne ressemble à celle de personne », c’est en ces termes que Gilles Deleuze présente Gustave Guillaume dans son cours intitulé Cinéma et pensée, le 18 Juin 1985. Guillaume, né en 1883, fils naturel de Françoise Caroline Guillaume et du peintre orientaliste Gustave Achille Guillaumet, est en effet un linguiste autodidacte qui a commencé par travailler comme simple commis de banque tout en développant une passion pour les langues (le grec, le latin et le russe qu’il a appris en donnant des leçons de français aux émigrés russes). Le hasard veut qu’en 1909, l’un de ses clients, le linguiste et comparatiste Antoine Meillet, littéralement fasciné par ses connaissances et sa curiosité intellectuelle, l’invite à suivre ses cours à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. C’est là qu’il va découvrir la recherche de Saussure entre 1909 et 1919, date à laquelle il obtient son diplôme. En 1923, il publie un premier ouvrage, Le Problème de l’article et sa solution en français ; vient ensuite, en 1929, Temps et verbe, théorie des aspects, des modes et des temps suivi de L’architectonique du temps dans les langues classiques. Grâce à Meillet qui avait fait promettre à un autre éminent linguiste, Emile Benveniste, de lui donner des heures d’enseignement, Guillaume est recruté en 1938 comme chargé de cours à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes où il dispensera leçons et conférences jusqu’à sa mort en 1960. En 1976, le Québécois Roch Valin, son principal disciple et légataire scientifique, créé, à l’Université Laval de Québec, le Fonds Gustave Guillaume où sont conservés tous les originaux de ses écrits publiés et inédits. Avec la collaboration des éditions Klincksieck, des Presses Universitaires de Lille et de Laval à Québec, le Fonds Gustave Guillaume assure la publication, toujours en cours, des Leçons de linguistique.