The unreality of time

 It doubtless seems highly paradoxical to assert that Time is unreal, and that all statements which involve its reality are erroneous. Such an assertion involves a far greater departure from the natural position of mankind than is involved in the assertion of the unreality of Space or of the unreality of Matter. So decisive a […]

Le temps est-il une affaire de conscience ?

Je crois utile de commencer par cette remarque profonde de Ludwig Wittgenstein : « C’est un coup du sort Ă©trange : tous les hommes dont on a ouvert le crĂąne avaient un cerveau. ».Ce constat Ă©tant fait et bien posĂ©, la question se pose de dĂ©terminer quel rĂŽle joue le cerveau dans notre rapport au […]

Documents audio ou video sur la question du temps

Le temps, Marc LachiĂšze-Reyhttps://www.youtube.com/watch?v=PUEaKYeRPFg Qu’est-ce que le temps, Marc LachiĂšze-Reyhttps://www.youtube.com/watch?v=H9K_cCFOEPg L’unitĂ© des objets Ă  travers leur changement (Muriel Cahen)http://savoirs.ens.fr/expose.php?id=3269 Qu’est-ce qu’ĂȘtre soi ? Le vivant et le temps.http://savoirs.ens.fr/expose.php?id=3172 SimultanĂ©itĂ©, coexistence, communautĂ© : entre physique et mĂ©taphysique (Elie During)http://savoirs.ens.fr/expose.php?id=1512 L’éternitĂ© sans le temps (Baptiste le Bihan)http://savoirs.ens.fr/expose.php?id=2891 Pourquoi se soucier de l’avenir (Jean Pascal Anfray)http://savoirs.ens.fr/expose.php?id=2280 Peut-on penser […]

Le temps a t-il une réalité ?

La question peut paraĂźtre absurde tant nous avons d’expressions pour signifier le temps, explicitement : longtemps, en mĂȘme temps que…, au temps de…, ou implicitement : hier, aujourd’hui, demain, etc. Quand nous les utilisons, nous avons tout sauf l’impression de parler pour ne rien dire, et nous savons que ce n’est pas le cas lorsque par exemple nous fixons un rendez-vous.
Nous avons donc certainement une pensĂ©e du temps. Or la question ne porte pas sur l’existence de cette pensĂ©e, mais sur la rĂ©alitĂ© de son objet. Car nous admettons aussi que tout ce que nous pensons n’existe pas rĂ©ellement pour autant. Nous pourrions par exemple demander : le rĂȘve a-t-il une rĂ©alitĂ© ? et nous rĂ©pondrions sans peine que le rĂȘve existe comme Ă©tat d’un certain sujet, mais que ce qu’il rĂȘve n’a aucune rĂ©alitĂ© distincte de la sienne. Le contenu du rĂȘve n’existe pas comme rĂ©alitĂ©, mais seulement comme image d’une rĂ©alitĂ©.
On peut donc se demander s’il n’en va pas du temps comme du rĂȘve, car le cas du temps apparaĂźt en fait plus problĂ©matique que celui du rĂȘve.

La théorie aristotélicienne du temps nombre du mouvement et sa critique plotinienne

La dĂ©finition du temps comme « nombre du mouvement selon l’antĂ©rieur et le postĂ©rieur » permet Ă  Aristote de montrer que la rĂ©alitĂ© du temps dĂ©pend de la conjonction du mouvement physique et de l’acte de l’Ăąme. En effet, selon le Stagirite, le temps est ce qui, dans le mouvement, est nombrĂ© par l’Ăąme. Or, cette dĂ©couverte explicite et consciente de la quidditĂ© du temps, donnant lieu Ă  sa dĂ©finition, suppose, outre la perception du mouvement et celle du temps, la perception concomitante de l’acte de l’Ăąme nombrant le mouvement. C’est qu’en effet, pour Aristote, la rĂ©alitĂ© du temps comme mouvement et comme acte de l’Ăąme est immĂ©diatement prĂ©sente Ă  la conscience qui perçoit le temps. L’Ăąme qui dĂ©finit le temps connaĂźt ainsi simultanĂ©ment le mouvement, sa propre place dans le mouvement qu’elle connaĂźt et la transcendance de son acte par rapport au mouvement qu’elle nombre. Ainsi, les deux pĂŽles de la rĂ©alitĂ© du temps aristotĂ©licien s’impliquent d’une maniĂšre particuliĂšre dans la perception du temps puisque l’un d’eux, l’Ăąme qui nombre, est engagĂ© dans la rĂ©alitĂ© mĂȘme du mouvement perçu. Ce qui revient Ă  dire que, chez le Stagirite, l’ontologie du temps implique nĂ©cessairement une psychologie ou, pour l’exprimer encore autrement, que le temps, en se manifestant grĂące Ă  l’Ăąme comme du nombrable propre au mouvement, acquiert par lĂ  mĂȘme une certaine objectivitĂ©.

Dans son traitĂ© 45, De l’ÉternitĂ© et du Temps, Plotin rattache lui aussi l’Ăąme au temps, mais il fait de celui-ci la vie de l’Ăąme, donnant ainsi une dĂ©finition totalement originale du temps

L’Ă©ternitĂ© et le temps – Confessions St Augustin Livre XI

Le livre XI est une mĂ©ditation sur l’éternitĂ©, le temps et leur rapport. Comment cette mĂ©ditation sur l’éternitĂ© et le temps est-elle introduite ?

1/ Avant de parler sur l’éternitĂ©, le livre XI commence par une immense priĂšre Ă  l’éternitĂ© ; cette priĂšre d’ailleurs souligne d’emblĂ©e ce qu’il y a d’aporĂ©tique – et mĂȘme de doublement aporĂ©tique – dans une parole adressĂ©e Ă  Dieu (“pourquoi dĂšs lors vous raconter tout le dĂ©tail de ces faits

 ? ”) :

a) Dieu est omniscient ; il ne peut donc rien apprendre de nous ; si la parole adressĂ©e Ă  Dieu prĂ©tend lui communiquer une information, elle est Ă©videmment vaine ; il en rĂ©sulte que la parole adressĂ©e Ă  Dieu n’a pas pour fin de communiquer, elle n’a pas pour fin de changer Dieu ; en parlant Ă  Dieu, nous nous changeons nous-mĂȘmes ; c’est un acte de parole qui vaut par sa propre profĂ©ration.

b) la priĂšre s’adresse Ă  un Dieu Ă©ternel depuis le temps ; ce qui conduit Ă  se demander comment le temporel peut se rapporter Ă  l’éternel. C’est tout le thĂšme du livre XI

2/ La priĂšre, par sa forme mĂȘme, nous jette dans la dramatique du temps ; l’ĂȘtre qui prie se saisit comme temporel de part en part. La mĂ©ditation augustinienne ne part pas d’un concept du temps, mais du temps comme dimension de l’existence, de l’expĂ©rience ; la mĂ©ditation existentielle ouvre la voie Ă  la mĂ©ditation conceptuelle. Nous avons lĂ  d’ailleurs un fil conducteur du livre XI : nous sommes jetĂ©s dans le temps avant de rĂ©flĂ©chir sur lui, nous avons avec le temps une connivence, une complicitĂ© ; nous avons toujours dĂ©jĂ  un savoir non thĂ©matique, marginal, silencieux du temps, une prĂ©-comprĂ©hension du temps, qui d’ailleurs se dĂ©robe dĂšs que nous cherchons Ă  la fixer en un concept explicite.

3/ Le chapitre. 2 annonce le projet des trois derniers livres : “mĂ©diter sur votre Loi”, c’est-Ă -dire mĂ©diter sur l’Ecriture. Dans le ch 3 s’engage une mĂ©ditation sur le dĂ©but de la GenĂšse : “dans le principe, Dieu a créé le ciel et la terre” – ici Augustin se livre Ă  une fiction oĂč il lui serait donnĂ© de pouvoir questionner MoĂŻse, le rĂ©dacteur inspirĂ© de la GenĂšse. Mais pour savoir si MoĂŻse dit vrai, il faudrait comparer son discours dans l’ñme avec la VĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. Si l’Ecriture est l’autoritĂ©, la mesure de la vĂ©ritĂ© de l’autoritĂ© est la VĂ©ritĂ© intĂ©rieure. D’emblĂ©e Augustin suggĂšre le lien entre crĂ©ation et parole Ă  condition de distinguer le discours humain (ici reprĂ©sentĂ© par la voix de MoĂŻse) et le Verbe divin identique Ă  la vĂ©ritĂ© intĂ©rieure.

L’irrĂ©versibilitĂ© du temps, apparence ou rĂ©alitĂ© en physique ?

L’objet de cette rĂ©flexion n’est pas au dĂ©part Ă©pistĂ©mologique ni scientifique ; il est philosophique et concerne simplement l’Ă©nigme du temps. Qu’est-ce donc que le temps ? La question « qu’est-ce
 ? » Ă  propos du temps est certes contestable, puisque, comme le dit saint Augustin, « le mode d’ĂȘtre du temps est de ne pas ĂȘtre ». Heidegger situe d’ailleurs son questionnement des rapports entre L’Etre et le temps et Le temps et l’Etre, dans le sillage tracĂ© par Augustin.

Mais le questionnement que je vous soumets est beaucoup plus modeste. Nous ne nous risquons pas ainsi Ă  devoir interroger l’ensemble de la tradition philosophique. Nous limiterons volontairement notre champ d’investigation en prenant au sĂ©rieux une interrogation de physicien : le temps est-il une apparence ou une rĂ©alitĂ© ? On peut toujours reprocher Ă  cette question sa naĂŻvetĂ© sous prĂ©texte qu’on ne saurait faire du temps une « rĂ©alité » comme si le temps Ă©tait un « étant » parmi d’autres.

Prenons-la au sĂ©rieux cependant ; nous verrons qu’il y a beaucoup Ă  penser Ă  partir de cette question. Non que la science puisse me donner une rĂ©ponse Ă  la question de ce qu’est le temps. Mais les questions que pose et que se pose le savant ont de quoi nourrir et stimuler la rĂ©flexion philosophique. Ce sera pour nous l’occasion de montrer que pour faire de la bonne philosophie il faut parfois rencontrer la science et prendre part Ă  ses questionnements et Ă  ses discussions. Et qu’inversement pour faire de la bonne science il faut faire parfois aussi de la philosophie. Le chercheur en effet dans ses prĂ©occupations de chercheur, pour un peu qu’il interroge les concepts qu’il met en place et les hypothĂšses qu’il tente d’expĂ©rimenter, rencontre la philosophie – tantĂŽt sans le savoir lui-mĂȘme, tantĂŽt tout Ă  fait consciemment.

Note sur la question du temps chez Merleau-Ponty

Dans la PhĂ©nomĂ©nologie de la perception, Merleau-Ponty cherche Ă  penser une articulation entre le concept de subjectivitĂ© qui se construit au fil des analyses de l’ĂȘtre au monde perceptif et le concept de temps qui s’est Ă©laborĂ© Ă  travers Kant, Husserl et Heidegger. De cette situation rĂ©sulte une tension initiale : alors que le temps a Ă©tĂ© le plus souvent compris, et en particulier chez ces trois philosophes, comme une dimension de la subjectivitĂ© ou de la vie de l’esprit, la pensĂ©e du temps, dans l’ouvrage de 1945 se porte d’emblĂ©e, comme l’exige la perception, vers l’écart et la suture du Soi et du monde, du temps naturel et du temps historique. Remontant ainsi jusqu’au cƓur du dĂ©bat entre le temps « cosmique » d’Aristote et le temps de l’ñme de St Augustin, Merleau-Ponty cherche Ă  comprendre pourquoi on doit dire ensemble que « le monde [
] est le noyau du temps » (PP 383) et que « la subjectivitĂ© est le temps lui-mĂȘme » (PP 278). Le temps n’est pas une chose, une substance fluente comme une riviĂšre, le temps est insĂ©parable du sujet ; et pourtant « on dit qu’il y a un temps comme il y a un jet d’eau » (PP 482) ; si cette image fait sens, si elle met bien sur la voie d’une pensĂ©e juste du temps, comme le pense Merleau-Ponty, elle souligne, en faisant du temps une forme dynamique, une poussĂ©e continue dans l’ĂȘtre, que le temps est le style du phĂ©nomĂšne du monde, la forme constante de son apparaĂźtre et se tient donc Ă  la jointure du monde et de la perception.

Notes sur la temporalité chez Merleau-Ponty

Le chapitre consacrĂ© Ă  la temporalitĂ© occupe dans la PhĂ©nomĂ©nologie de la perception une place centrale, il constitue le point oĂč se rassemblent les descriptions de l’ĂȘtre-au-monde, il en dĂ©livre le sens comme il ouvre Ă  la comprĂ©hension de l’exister et de la libertĂ©. L’opposition de l’intellectualisme et de l’empirisme qui animait les chapitres prĂ©cĂ©dents y est dĂ©passĂ©e pour laisser place Ă  une pensĂ©e qui se cherche, au-delĂ  des Leçons pour une phĂ©nomĂ©nologie de la conscience intime du temps, dans les prĂ©monitions d’une voie ontologique.

A l’autre bout de l’Ɠuvre du philosophe, les notes de travail qui prĂ©paraient Le Visible et l’Invisible reprennent et radicalisent ces intuitions, elles esquissent ce qui aurait Ă©tĂ© l’un des axes principaux de l’ontologie de Merleau-Ponty, une mĂ©ditation sur le temps comme chiasme.

De l’un Ă  l’autre, et dans l’écart qui les sĂ©pare, quelle est l’unitĂ© de cette pensĂ©e ? Dans quelle mesure la PhĂ©nomĂ©nologie de la Perception amorce-t-elle ici, Ă  propos du temps, un mouvement qui ne sera repris que dans la derniĂšre Ɠuvre ? Et, dans le chemin parcouru de l’un Ă  l’autre, quelle place occupe cette question pour qu’ainsi le dĂ©but et la fin s’y rĂ©pondent ?

Observations sur la conception kantienne du temps

Les conceptions relatives Ă  l’espace et au temps exposĂ©es dans la Cri-tique de la raison pure sont le rĂ©sultat d’une Ă©volution s’échelonnant sur une vingtaine d’annĂ©es. Kant a pensĂ© qu’à la question: que sont l’espace et le temps ? – quatre rĂ©ponses et quatre seulement sont possibles: ils sont soit des substances, soit des accidents, soit des relations rĂ©elles, soit des relations relevant de la constitution subjective de l’esprit. La solution de la Critique (idĂ©alitĂ© transcendantale et rĂ©alitĂ© empirique de l’espace et du temps) est la quatriĂšme. Kant l’a patiemment mĂ»rie. Dans cette Ă©laboration, une importance particuliĂšre revient Ă  la Dissertation de 1770 . S’y affirme en effet pour la premiĂšre fois en toute clartĂ© le thĂšme de la subjectivitĂ© de l’espace et du temps.
Le titre de la thĂšse est: la forme et les principes du monde sensible et du monde intelligible . D’entrĂ©e de jeu, le concept de monde vient au premier plan. Kant le dĂ©finit comme « un tout qui n’est plus une partie », en contre-point du simple, dĂ©fini comme la partie qui n’est plus un tout. Kant prĂ©cise en outre qu’il y a une double genĂšse possible des objets pensĂ©s sous les concepts de monde et de simple…