Plotin, Ennéades, traité 38 (VI, 5, 11)

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Plotin s’était demandé si le dieu avait été prévoyant au point de doter d’avance les êtres vivants d’organes perceptifs. Maintenant (depuis le §8), il commence à réfléchir à la question qui précède logiquement celle-là : le Dieu, compris comme « nous » ou esprit, a-t-il prévu l’existence de tous ces êtres sensibles qui constituent notre monde et a-t-il veillé à leur formation, à leur naissance ? Et devons-nous penser que le ciel, le feu, la terre, l’air, l’eau, les plantes, les animaux, tous ces êtres mondains préexistaient dans l’esprit ? Si ce n’était pas le cas, que les notions des divers vivants fussent empiriques, qu’il ait fallu que des chevaux existent sur terre pour que l’esprit en acquière l’idée, alors la notion de cheval ne serait pas pensée en elle-même « ékei », là-bas, et rien, dans les vivants, ne saurait être un « cheval », répondre à cette notion purement conçue. Or cette notion existe, dont nécessairement s’ensuivent les êtres : il n’est pas possible de s’arrêter à ce qui est ékei, la-haut, au loin.(§8, 12-13)

Si l’esprit pense les idées de chacun des êtres, il faut que son unité s’ouvre au multiple : il y a tellement d’existants ! Il fallait donc que l’esprit fût une « dyade » qui primitivement ait en elle l’un et le multiple, le mouvement et le repos, l’intelligence et la vie. Cet esprit pense l’être conceptuel de tel ou tel vivant, et c’est quand l’esprit descend vers le bas, qu’il invente les moyens concrets dont a besoin tel ou tel animal pour vivre dans le monde : sabots, cornes, griffes, écailles, etc… afin que l’animal soit viable : tout cela accompagne la descente de l’idée dans le sensible.

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