L’inconscient, la philosophie et la psychologie
De quoi l’inconscient est-il l’origine ? Cette question contient deux déterminations : l’inconscient a rapport à l’idée d’origine mais cette origine est immédiatement affectée d’indétermination. Précisons ces deux points.
Le premier recouvre notre compréhension ordinaire de la notion d’inconscient. Comment la pensée en vient-elle à concevoir l’inconscient ? A l’évidence, l’inconscient est un concept négatif : l’inconscient c’est la privation de la conscience. On a là le concept immédiat de l’inconscient (inconscience). Pour autant, l’inconscient n’est pas quelque chose de donné. L’inconscient est un concept relatif à la conscience, donc un concept dérivé et non primitif. L’histoire sémantique prouve suffisamment cette relativité et cette secondarité. La notion de conscience (qui a eu d’abord un sens moral avant d’avoir un sens psychologique au XVIIème siècle) est antérieure à la notion d’inconscient. Il faut attendre la fin du XVIIIème et en français le XIXème pour qu’apparaisse la notion psychologique d’inconscient.
L’inconscient n’est pas une notion primitive, du moins si l’on prend la langue pour critère. C’est un concept forgé par la pensée cherchant à prélever sur elle-même un savoir. Autrement dit, le concept d’inconscient appartient à l’histoire de la psychologie — même si l’introduction de l’inconscient en psychologie a bousculé les habitudes de pensée. Il faut attendre le XVIIIème siècle pour qu’apparaisse le concept d’inconscient, au moment où la psychologie s’efforce de se constituer comme science2. Certainement le concept d’inconscient et la psychologie sont étroitement liés3. Pourtant, peut-on dire que l’inconscient soit un concept de la psychologie ? Ou plutôt que signifie pour l’inconscient d’être un concept et non une notion de la langue ? Comment la pensée en vient-elle à parler de l’inconscient ?