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Introduction à la lecture de Johannes Lohmann

Les auteurs, Michel Legrand et Jacques Schotte, se proposent d’introduire à la lecture de « La relation de l’homme occidental au langage » du philosophe et linguiste allemand Johannes Lohmann. A cette fin, ils évoquent la position qu’a prise Lohmann vis-à-vis de la science du langage, et la conception du langage qu’il a promue. Ils terminent en […]

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Gustave Guillaume, la langue et le temps

Il suffit de parcourir les titres des articles formant le contenu de Langage et science du langage (1964) pour reconnaître l’importance de la réflexion de G. Guillaume sur le « temps » et son statut dans le « langage ». Je me propose, dans ce qui suit, d’abord de m’appuyer sur Guillaume lui-même, pour rendre compte de sa « représentation » du temps, construite, pense-t-il, à partir d’une observation de son expression, essentiellement dans les langues indo-européennes, particulièrement le français ; dans le mouvement de cet exposé, je serai d’emblée conduit à relever ce que cette représentation a de problématique, c’est-à-dire à montrer qu’elle est une construction qui nous renseigne sur la conception guillaumienne du temps et non sur le rôle des langues dans la construction du temps. J’attirerai plus particulièrement l’attention sur l’inadéquation de la définition guillaumienne de l’aspect et du mode dit « subjonctif ». Après cette entreprise de « déconstruction » – ce concept derridien a l’avantage de laisser entendre que le travail critique n’est pas un travail de démolition, mais est préalable à une reconstruction par simple redistribution d’un matériau sur lequel le critique n’a d’autre prise que celle de la mise en évidence de ses caractéristiques – il me faudra proposer une analyse des langues telle qu’elle rende compte de leurs constituants immédiats – bien plus primitifs que les constituants immédiats syntaxiques de la grammaire générative ; c’est à partir de ces constituants immédiats qu’il nous sera possible d’examiner de quelle façon les langues intègrent la dimension du temps et l’analysent.

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J.L. Austin et le langage : ce que la parole fait

Le langage semble être l’objet privilégié de la philosophie déployée par J. L. Austin. Connu pour être l’inventeur du concept de « performatif » et avoir pratiqué une « philosophie du langage ordinaire », il semble logique de voir avant tout en lui un philosophe du langage. Pourtant, l’analyse du langage n’était pas une fin en soi pour Austin : rappelons, à titre de premiers indices, qu’il occupait à l’Université d’Oxford une chaire de philosophie morale et qu’il a toujours déclaré vouloir bâtir, en analysant l’efficacité du langage, une « théorie générale de l’action ». C’est un préalable si l’on veut bien comprendre les analyses qu’il offre du langage dans son œuvre. En réalité, pour lui, comme pour nombre de ses contemporains, la philosophie du langage joue le rôle de philosophie première, en tant qu’elle permet de repérer ce que l’on peut dire à propos de ce qui est et, dès lors, de déterminer ce que l’on peut penser.

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Introduction aux problèmes philosophiques du langage : la triplicité du langage

Il faut parler pour comprendre la parole, écrire pour expliquer l’écriture. Le langage est requis pour entendre le langage : le dire est la condition du dit, mais le dire prend toujours la forme d’un dit. Certes la pensée se saisit du langage pour penser – penser l’être (ontologie) et penser la pensée ou penser les conditions de la pensée comme conditions de la pensée de l’être (logique) -, mais c’est dans et par le langage que la pensée s’y emploie : le langage paraît n’être qu’un instrument pour la pensée, mais la pensée ne peut se délester du langage qui de ce fait apparaît comme plus qu’un instrument. Le langage porte au-delà de lui-même, mais jamais sans lui. Voilà le paradoxe initial et peut-être ultime. D’un côté le langage vise ce qui n’est pas lui (le langage dit les choses : les décrit, les raconte, les classe… : l’opposition entre signum et res paraît bien fondée), mais ce qui est visé n’est pensable et connaissable que par le langage : ce qui ne se laisse pas dire ne se laisse pas penser et connaître….

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La question du langage dans « Le visible et l’invisible »

Merleau-Ponty comprend la philosophie, à la suite de Husserl, comme nous invitant à revenir aux choses mêmes, à retrouver un contact ou une coïncidence avec les choses. Le philosophe communique avec le monde et cette communication est de l’ordre du contact, sa vision est une « palpation ». Mais en même temps il interroge, ce qui exige écart et langage. La question est de savoir quel peut être le statut du langage dans une philosophie qui pense le rapport à l’Être comme contact et interrogation.
Si la philosophie est contact ou coïncidence, si elle doit prendre au sérieux le retour aux choses mêmes, alors elle n’a pas à « chercher un substitut verbal du monde que nous voyons » . Mais si elle est interrogative, elle n’a pas non plus à dépasser le langage en recherchant une coïncidence sans langage et sans distance. Le langage n’est pas l’ennemi de la coïncidence que recherche la philosophie. Le philosophe est philosophe pour autant qu’il veut « mettre en mots un certain silence en lui qu’il écoute » . Si ce projet doit ne pas être un « effort absurde », il faut que ce silence se prête au langage ou que la coïncidence avec les choses que le philosophe recherche ne soit pas étrangère au langage, bref qu’il y ait un « langage de la coïncidence »…

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Métaphysique et langage dans l’ « Essai sur l’origine des connaissances humaines » de Condillac

Si Locke avait eu « le courage ou le loisir de […] corriger les défauts » de son Essai sur l’entendement humain, l’Essai sur l’origine des connaissances humaines aurait-il vu le jour ? L’« Introduction » de l’Essai de 1746 semble imputer aux « longueurs, aux répétitions et au désordre qui règnent » dans le traité lockien son incapacité à mener à bien son projet initial : refaire de la métaphysique une science première, capable de « rendre l’esprit lumineux, précis et étendu, et, par conséquent, le préparer à l’étude de toutes les autres » , en cherchant l’origine de la connaissance dans l’expérience. En réaction contre la métaphysique de l’innéisme s’ébauche ainsi une autre métaphysique, centrée sur l’étude génétique des idées et des opérations de l’entendement humain. Pourtant, « il ne paroît pas que ce philosophe ait jamais fait son principal objet du traité qu’il a laissé sur l’entendement humain » : en reléguant négligemment l’étude « des mots » dans la troisième partie de son ouvrage, Locke ne s’est pas seulement privé de précieuses « lumières sur le principe de nos idées » ; il a, s’indigne Condillac, sabordé son objet, puisqu’il « a passé trop légèrement sur l’origine de nos idées » – l’objet même, pourtant, de l’enquête lockienne. D’où la nécessité, pour Condillac, de reprendre à nouveaux frais le projet lockien, en restituant au langage la place qui doit être la sienne dans la nouvelle métaphysique. Plus précisément : « j’ai cru qu’elle devait faire une part considérable de mon ouvrage, soit parce qu’elle peut encore être envisagée d’une manière neuve et étendue, soit parce que je suis convaincu que l’usage des signes est le principe qui développe le germe de toutes nos idées ». L’Essai sur l’origine des connaissances humaines, dès lors, ne saurait être lu exclusivement comme une série d’annotations dans les marges du traité lockien : la découverte de Condillac constitue une solution nouvelle au problème de l’origine de nos idées. La position inédite du problème du rapport entre signes et idées, entre langage et connaissance, n’annonce-t-elle pas en fin de compte la conversion de la métaphysique en une grammaire des idées ?

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Le langage, la pensée et les origines de la philosophie analytique

Je me propose d’examiner en quel sens ce qu’on appelle « philosophie analytique » est, comme le soutient Michael Dummett dans son livre Les origines de la philosophie analytique, solidaire d’une thèse générale relative à la nature de la pensée. D’après Dummett, les problèmes et les méthodes d’investigation qui sont caractéristiques de la philosophie analytique, au moins dans son âge classique, ne seraient que des conséquences de cette thèse générale concernant la nature de la pensée. C’est parce que la pensée aurait une certaine nature que nous ne pourrions philosopher autrement que de manière analytique. En outre, étant solidaire d’une certaine thèse, la philosophie analytique pourrait cesser d’exister ou d’être pratiquée, même si l’on avait affaire à des auteurs anglo-saxons, dès lors que cette thèse se verrait contestée. Autrement dit, il y aurait des raisons pour lesquelles des philosophes seraient des philosophes analytiques : ils seraient des philosophes analytiques parce qu’ils partageraient une certaine thèse concernant la nature de la pensée, concernant ce qu’est une pensée et ce que c’est que penser…

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Herméneutique du poétique

Dans un texte écrit en 1977 intitulé « Les poètes se taisent-ils ? », publié en français dans l’Actualité du beau (cité désormais AB, Alinéa, 1992), Gadamer interroge le statut de la poésie aujourd’hui, ce qu’elle représente, ce qu’elle incarne. On est tenté de relier cette interrogation à un sentiment que nous pouvons éprouver dans notre époque d’un certain recul de la poésie, y compris dans les études littéraires, au sentiment que la poésie est un peu délaissée. De quoi ce recul pourrait-il être le signe, alors que la poésie est « l’art de la parole », l’excellence du langage, le cœur de la littérature et de l’art ? La poésie a-t-elle acquis un caractère désuet ?

Cherchant à distinguer la poésie de la communication, Gadamer emprunte une image à Paul Valéry, l’image de la monnaie. Les mots de la communication sont comme des pièces de monnaie qui ont une valeur qui ne correspond pas à ce qu’elles sont, tandis que les mots du poète sont comme les pièces de monnaie d’or dont la valeur symbolique correspondait à la valeur en or de ces pièces. En d’autres termes, la parole poétique ne vaut pas en vue d’autre chose qu’elle-même et cette coïncidence produit un enrichissement de la parole, elle épaissit la parole non pas en la rendant plus lourde, plus pesante, plus encombrée mais par l’approfondissement des significations qu’elle occasionne. Les réseaux relationnels, les échos qu’elle installe entre les significations, les sonorités et les mots concourent à élargir la langue et cet élargissement lui permet de reposer en elle-même.

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Science et langage

Depuis le début du XXe siècle, les sciences humaines et la linguistique en particulier, ont été amenées à dissocier différents sens du mot langage, sens que l’usage ordinaire confond le plus souvent et qu’il nous faut rappeler en préambule.

Au sens large, le mot « langage » désigne tout système ou ensemble de signes permettant l’expression ou la communication. En ce sens on parle couramment du langage informatique par exemple, c’est-à-dire de l’ensemble des signes utilisés par un programmeur pour formuler des instructions. En ce sens encore on parle du problème de l’existence (ou non) d’un « langage animal », d’un « langage de l’art » etc. A côté de ce sens large, il existe une définition plus restreinte : on appelle langage une institution universelle, spécifique de l’humanité et comportant des caractéristiques propres. Dans ce sens, une distinction doit être établie, entre le langage en tant que faculté (ou aptitude à constituer un système de signes) et la langue qui est l’instrument de communication propre à une communauté humaine, instrument issu de cette faculté…