L’eudémonisme aristotélicien

Ce qui fait pour nous l’intérêt de l’éthique aristotélicienne, c’est son caractère intempestif, à un double titre. Nous avons appris à penser la morale d’après Kant comme centrée sur la notion de devoir et consistant essentiellement dans une liste d’obligations et d’interdictions, ou d’après Nietzsche comme la « négation de la vie », et même si ces […]

Bonheur, félicité et béatitude (XIIIe —XIVe siècle)

Au Moyen Âge, la question de l’éthique se présente comme une forme de recherche du bonheur. L’idée de bonheur est une idée ancienne en Europe, plus ancienne même que la philosophie, qui s’en empare dès Platon et Aristote. Mais qu’entend-on par bonheur ? Le concept même (« bon heur », équivalent de « bona fortuna »), est pris dans une contradiction interne, entre dépendance de […]

Nature et Logos. D’une pensée de la fondation à la pensée de l’entrelacs

Pendant l’année 1959-1960, Merleau-Ponty a présenté au Collège de France un cours intitulé « Nature et Logos : le corps humain ». Ce cours est le dernier chapitre d’une série de travaux commencés en 1956-1957 et consacrés à la Nature. Selon le résumé du cours de 57-58, ces travaux sur la nature sont un chemin vers l’ontologie, la […]

L’origine du concept d’Etat et son enjeu dans l’Anthropologie politique de Hobbes

Le concept d’état de nature, qui constitue l’une des pièces maîtresse des philosophies politiques du XVIIème et du XVIIIème siècle, est le résultat de la rencontre dans le domaine de l’anthropologie politique de deux courants de pensée relevant chacun de problématiques fort différentes, mais desquelles sortira un concept nouveau de la nature humaine. Le premier […]

Bonheur et temporalité

Un temps illimité, dit Epicure, et un temps limité contiennent un égal plaisir. Cette égalisation semble paradoxale. Elle perd de son étrangeté pour qui prend en vue la pensée grecque du plaisir. Aristote montre que le plaisir n’est pas dans la durée. « Du plaisir, dans n’importe quel temps, la forme est parfaite » ; « ce qui […]

Les deux souches de la métaphysique chez Aristote et Platon

La Métaphysique et, plus généralement, l’ensemble des textes aristotéliciens nous mettent en présence d’un système de quatre causes. Dans le premier chapitre du livre Δ, Aristote identifie les « causes » aux « principes » et voit dans leur caractère commun la « source » — τò πρωτον — à partir de laquelle il y a soit de l’être (ἔστιν), soit du devenir […]

Science de la Bible chez Spinoza. Les chapitres VIII à X du Traité Théologico-politique

La contribution de Spinoza aux progrès de la tolérance est rarement recherchée dans les chapitres VIII, IX et X du Traité théologico-politique. Habituellement les commentateurs sautent par-dessus ces chapitres en arguant de leur caractère strictement exégétique ou philologique : ils concerneraient la seule science biblique. Nous pensons au contraire que c’est en ces chapitres que l’essentiel de la […]

Spinoza et l’idée de tolérance

Le chapitre 20 du Traité Théologico-Politique de Spinoza est un plaidoyer massif pour la tolérance, en particulier religieuse. Les commentateurs sont à cet égard unanimes et quiconque lit les dernières lignes du livre ne peut qu’en être convaincu. Cependant il doit aussi être frappé par l’infléchissement du ton et la rupture de style qui s’y opèrent par […]

Les limites du Devonshire ou pourquoi la métaphysique doit être prise au sérieux

En quoi consiste une investigation métaphysique ? Que nous apprend-elle ? Pour quelles raisons ce type de recherche doit-il être pris au sérieux ? L’auteur, partisan d’une conception grammaticale ou conceptuelle, c’est-à-dire wittgensteinienne, de l’enquête métaphysique, montre que cette discipline philosophique n’étudie ni les différences ontologiques entre les propriétés naturelles, ni la nature des relations causales qui peuvent […]

L’un et l’être. Réflexions sur la différence méontologique

Ces dernières années, en certains milieux dont le mot d’ordre était « la différence », de quelque manière qu’on en présentât l’orthographe, il fut souvent question d’ontologie et de théologie, ainsi que de l’étrange destin qui, pour le pire plutôt que pour le meilleur, les avait unies dans l’essence ou quasi essence de la métaphysique occidentale. Je […]