Diderot métaphysicien. Le possible, le nécessaire et l’aléatoire

Diderot est un grand métaphysicien matérialiste qui peut soutenir la comparaison avec l’autre grand métaphysicien du siècle des Lumières, Dom Deschamps. Mais c’est un métaphysicien sans métaphysique. La différence avec Deschamps est que Diderot, comme on le sait, n’a pas exposé sa métaphysique dans un système. Il ne s’est pas non plus beaucoup expliqué sur les procédures logiques de sa pensée, ni sur les catégories qu’il utilise. L’absence de système et la discrétion relative aux structures logiques de sa pensée, conduisent certains lecteurs à surestimer le caractère éblouissant de la plupart de ses textes au détriment de sa force philosophique. Celle-ci tient sans doute à son matérialisme original et à sa volonté de montrer qu’il peut fonder une conception de l’homme, de l’art et de l’esthétique, ainsi que de la politique. Mais si on s’intéresse aux structures logiques de sa pensée philosophique telle qu’elle s’expose dans quelques textes, on découvre qu’elle relève d’un régime de pensée métaphysique qui est constitué par l’articulation de trois plans de pensée, gouvernés par les catégories de « possible », de « nécessaire » et d’ « aléatoire ». Nous croyons que c’est cette métaphysique qui rend compte aussi de l’originalité de son matérialisme et peut-être aussi de son écriture philosophique.

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