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La politique et la démocratie

Qu’est-ce que la politique ? La définition la plus commune est celle-ci : l’art de vivre ensemble. Cette définition mérite considération, non pas qu’elle soit indiscutable, mais parce qu’elle ouvre à la dimension problématique du champ qu’elle désigne, c’est-à-dire pour nous son irréductibilité.
Notre hypothèse est paradoxale : on commence par ce qui en général constitue l’objet ou la fin de la réflexion (philosophique) sur la politique : démontrer l’autonomie du champ politique : par rapport au religieux du point de vue de l’autorité, par rapport à l’économie du point de vue des échanges, par rapport à la morale du point de vue de la norme. Et la démonstration de cette autonomie passe en général par une histoire de l’Etat : la question de l’Etat se présente comme la question politique principale parce qu’avec lui la politique s’affirme dans son autonomie (le politique), c’est-à-dire dans la reconnaissance de son pouvoir propre, pouvoir de la violence légitime comme dira M. Weber. Donc l’autonomie de la (du) politique est ce qu’il faut prouver et non ce qui doit être présupposé : le politique est ce qui émerge de l’activité gouvernementale (l’exercice du pouvoir) « par un processus d’institutionnalisation croissante, lié à la centralisation, au renforcement des appareils administratif et militaire, à l’homogénéisation juridique » , c’est-à-dire avec la formation de l’Etat moderne.

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De rerum natura. Commentaire du chant IV

L’épicurisme est une doctrine à part dans l’Antiquité. Jamais doctrine n’aura été comme celle-ci dominée par un seul homme : Epicure. Mais jamais aussi un disciple n’aura consacré plus de dévouement envers ce maître que Lucrèce. Un seul maître, un disciple pour toujours qui n’a rien à ajouter au « héros de la connaissance ». Et l’histoire veut que ce soit principalement par son disciple que la doctrine du maître (dont les œuvres très nombreuses ont été perdues et notamment un immense Peri phuseôs) nous soit connue. Aussi le De rerum natura est une œuvre unique en son genre. Bien entendu, Lucrèce appartient à cette lignée de penseurs, longtemps maudits, qu’on appelle matérialistes. Toute l’histoire de la philosophie serait un vaste champ de bataille où s’opposent de haute lutte l’idéalisme issu de Platon et la « ligne de Démocrite » comme disait Lénine : l’esprit contre la matière, la providence contre le hasard, le finalisme contre le mécanisme (cf. IV, 824-1057), l’atomisme contre la forme substantielle.

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De natura rerum. Commentaire

L’épicurisme a dans l’histoire de la philosophie une situation singulière, qu’on peut caractériser comme un double retour.
Retour d’abord à ce qui selon Aristote fut l’un des gestes philosophiques marquants de Socrate : ramener la philosophie du ciel sur la terre, c’est-à-dire chercher la solution des questions morales, plutôt que l’explication théorique des phénomènes naturels. La morale socratique paraît avoir été un eudémonisme, empreint même d’un certain hédonisme. Épicure quant à lui donne pour objet essentiel à la sagesse philosophique la réalisation d’une vie heureuse, dont le critère et le moyen sont le plaisir. Il y a chez lui comme une primauté du point de vue pratique, en ce sens que le bonheur, défini comme paix de l’âme, est ce qui donne leur raison d’être à toutes les parties de la philosophie, y compris la physique et la théorie de la connaissance.
On peut bien voir là un retour par rapport à ce qui avait été le dernier mot en la matière des deux plus illustres disciples de Socrate : Platon et Aristote. Ni l’un ni l’autre assurément n’ont négligé le perfectionnement moral des individus ni la réforme politique de la cité. Ils s’y sont employés en actes et pas seulement en discours. Mais ils avaient situé le souverain bien, et Aristote plus encore que Platon, dans l’activité de connaissance, et plus précisément dans la connaissance du plus haut intelligible : Dieu en tant que bien absolu, souverain bien. Aussi Aristote subordonnait-il les vertus morales, nécessaires à l’action, à cette fin en soi que peut seule être la contemplation de la vérité. L’épicurisme inverse cette subordination.
Cette inversion ne signifie cependant pas une renonciation à la spéculation théorique, dans la mesure où une certaine théorie apparaît nécessaire à la paix de l’âme.

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Lucrèce. De natura rerum. Synopsis

Lucrèce naît quelques 240 ans après Epicure, quelque 360 ans après Démocrite.
De Lucrèce, l’on ne sait vraiment pas grand chose, sauf qu’il a vécu une quarantaine d’années dans la première moitié du premier siècle avant Jésus-Christ. On ne sait ni sa date de naissance (autour de 98-94), ni celle de sa mort (autour de 55-52), ni la durée précise de sa vie (40-44 ans), ni sa classe et son statut social (on a fait beaucoup d’hypothèses à la fois à partir de son nom, à partir de son surnom [cognomen] Carus, à partir du dédicataire de son poème, Memmius ou plus encore en raison des positions politico-sociales de l’épicurisme). On ne sait quand il écrivit son poème (en février 54, Cicéron dit à son frère Quintus avoir lu les « poemata » de Lucrèce, mais cela désigne-t-il le De rerum natura ?) On ne sait comment et à la suite de quoi il est mort. La thèse de son suicide et celle de sa folie vient du seul saint Jérôme (dans sa Chronique) que cette thèse arrange trop pour qu’on l’accepte les yeux fermés… Le suicide d’un négateur de la Providence est une aubaine suspecte. La thèse de la folie de Lucrèce ne peut vraiment invoquer le « docti furor Lucreti » de Stace, furor pouvant signifier seulement l’enthousiasme de Lucrèce dans son poème. Curieusement, les apologistes Lactance et Arnobe ne disent mot de sa folie et de son suicide, alors qu’ils tirent à boulets rouges sur l’égarement dans lequel tombe l’épicurisme. Certains ont cru pouvoir trouver des indices du déséquilibre mental de Lucrèce dans le désordre rédactionnel régnant dans son poème (mais il n’en comporte aucun qui soit évident et majeur…) et dans l’atmosphère de certaines pages qui manifestent une anxiété, un pessimisme et quelque goût macabre : voir les pages critiques de l’amour-passion à la fin du livre IV, le pessimisme antifinaliste dans le chant V (la nature est une marâtre) et la description de la grande peste d’Athènes sur laquelle s’achève ou s’interrompt le poème.

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Ecouter Augustin

La parole est sans conteste le point le plus fondamental dans l’œuvre d’Augustin, que ce soit dans sa dimension rhétorique, spécialité dont il possédait une maîtrise accomplie et reconnue de tous, ou en sa dimension philosophique qu’il convient de bien interpréter. Elle recouvre volontiers la multiplicité des sens que peut recevoir le terme grec logos. Elle est un avertissement extérieur rendant attentif à une signification qu’éclaire la lumière de la vérité, elle est aussi la raison qui donne une densité particulière à cette signification saisie intérieurement, elle est en outre la réalité transcendante à laquelle renvoie cette raison, permettant la constitution de la sagesse comme science des choses divines et humaines. Enfin elle est le lieu même de l’unité de ces réalités transcendantes, la source de toute connaissance et de toute intellection, l’origine de tout être : le Verbe qui était au commencement. La richesse du sens de la Parole pour Augustin nécessite donc qu’elle soit écoutée selon les divers sens que ce vocable recèle. D’une part comme réception d’un signe audible auquel il faut prêter une attention réelle et d’autre part – ainsi que l’on sait s’écouter entre amis, comme accueil de la signification qu’il porte, ce qui demande un goût minimal pour la vérité et le désir de n’être étranger à aucun élément constitutif de l’humain. Ensuite comme saisie de cette signification même, comme compréhension – prise en soi-même – de ce qu’elle porte et de sa capacité de transformation. Enfin l’accomplissement de cette parole, dans l’évidence de la vérité qu’elle porte, permet une connaissance de soi qui n’est possible que par une connaissance de Dieu qui en est la condition.

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Quelques remarques à propos de l’Enquête sur l’entendement humain

Le titre de la première section n’annonce pas une spécification de la philosophie selon ses différentes branches ou ses différents objets (physique, logique, éthique), ni non plus selon ses fins : divertissements (salons), instruction (école), réforme (politique) mais selon les différentes manières de pratiquer la philosophie : philosophie facile versus philosophie abstruse, entre lesquelles Hume fait passer la voie empiriste qu’il préconise.

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L’Etat ou la modernité politique en question

Régulièrement le débat politique se concentre sur la question de l’Etat. On entend dire qu’il faut restaurer l’autorité de l’Etat, lui rendre toutes ses prérogatives — quand d’autres annoncent la mort de l’Etat ou souhaitent sa fin. La cristallisation du discours politique sur la question de l’Etat révèle à elle seule la crise que traverse l’Etat (crise de l’Etat de droit au plan juridico-politique, crise de l’Etat-Providence au plan économico-social, crise de l’Etat-Nation au plan politique et économique de l’histoire mondiale).

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Lectures platoniciennes : Thèmes et dialogues

Avant-propos
L’œuvre de Platon est composée de dialogues. Il n’est sans doute pas le créateur du genre. Il n’est même pas le seul à mettre en scène Socrate. Socrate n’est d’ailleurs pas le protagoniste nécessaire de la forme dialoguée : dans le Sophiste et dans le Politique, le premier rôle est tenu par l’Etranger d’Elée, dans le Timée par le Pythagoricien du même nom, dans les Lois, Socrate est presque totalement absent. Pour autant, la présence et l’absence de Socrate ne constitue pas le critère permettant de distinguer entre un Platon socratique et un Platon platonicien (voir J. Brunet et A. E. Taylor). Car il y a bien des dialogues dont la doctrine est platonicienne, et dont Socrate est le protagoniste (Philèbe).