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Sur quelques moments de la pensée du monde

I. Comment dire le monde ? Le double logos cosmo-logique du Timée
II. Cosmos et sumpatheai dans la pensée stoïcienne
III. Les apories relatives à l’origine du monde : les difficultés du créationnisme chez St Augustin
IV. Les antinomies de la cosmologie rationnelle et la lecture heideggérienne de l’«Antinomie de la raison pure »
V. L’être-au-monde perceptif selon Merleau-Ponty
VI. Une esquisse de cosmologie philosophique : matière, vie, esprit selon Hans Jonas

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L’idée de monde chez Hannah Arendt

Nous pouvons considérer le monde comme le concept central de la pensée de H. Arendt. Qu’elle s’interroge sur les origines du totalitarisme et tente d’en saisir les mécanismes, qu’elle pense la notion du politique, qu’elle questionne la condition de l’homme, tout la ramène au « souci » du monde. Parce que le monde est ce à quoi nous appartenons fondamentalement et ce qui nous permet d’être humains, quoique nous fassions, nous nous situons toujours par rapport au monde.
Le monde est ce que nous trouvons à notre arrivée et laissons derrière nous au moment de mourir (naître se dit « venir au monde » et mourir « quitter ce monde » ou « cesser d’être au monde »). Le monde est également ce que nous avons en partage, il est essentiellement « commun », reliant et séparant les hommes afin qu’ils ne deviennent pas cette masse indifférenciée où chacun se trouve écrasé contre l’autre. Exister pour l’homme sera paraître dans le monde. Perdre de vue son importance essentielle, laisser le monde s’éroder, c’est mettre en jeu les conditions même de notre humanité. L’amor mundi peut définir la pensée de H. Arendt. Le souci du monde est le fil qui tisse ensemble les divers aspects de sa pensée. Tout la ramène sans cesse à ce souci du monde.

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Le monde dans la pensée de Schopenhauer

Dans cet article on se propose de montrer comment s’effectue la réintroduction du concept de monde dans la philosophie classique allemande après la critique kantienne qui normalement aurait dû rendre son utilisation impossible. La Critique de la raison pure avait en effet réglé le sort de la question du monde en en faisant une Idée régulatrice de la raison, ce qui supposait l’abandon de tout espoir de connaître le monde comme totalité. Schopenhauer de façon provocatrice en fait le titre même de son opus magnum, die Welt als Wille und Vorstellung. Le concept de Welt chez Schopenhauer ne renvoie pas à la thèse kantienne et n’est pas non plus un retour à la cosmologie de la métaphysique classique : l’idéalisme transcendantal non-kantien de Schopenhauer s’oppose à la pensée de la transcendance divine qui forme l’arrière-plan de toute cosmologie. Le titre choisi par Schopenhauer est explicite : Schopenhauer pense le monde à partir de Vorstellung, plus précisément le principe de raison suffisante – et à partir de Wille, la volonté séparée de la raison.

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L’apparition du monde dans l’œuvre d’art

C’est un truisme, pour les lecteurs d’Arendt, de dire que l’œuvre d’art est intimement liée au monde, encore que ce lien ne soit pas sans ambiguïté puisque l’activité de l’artiste, en tant qu’œuvrer, se fait en marge du monde.
Nous voudrions revenir sur l’esthétique d’Arendt à travers un axe de lecture inhabituel : montrer comment le monde nous apparaît dans l’œuvre d’art, comment il y devient visible. L’œuvre d’art nous ouvre le monde, laisse le monde venir à nous dans son apparition initiale. Elle se fait transparente pour laisser éclore l’apparition du monde. Nous pourrons alors mettre en évidence que c’est dans l’œuvre d’art que nous pouvons saisir la pureté de son essence phénoménale. Par conséquent l’objet de cet article est de proposer un autre écho de l’affirmation sans cesse répétée chez l’auteur : l’œuvre d’art est l’objet le plus mondain. Cette lecture nous conduit à établir un parallèle entre l’esthétique d’Arendt et celle de Merleau-Ponty.

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Le divers et l’univers. Remarques sur ‘Manières de faire des mondes’ de Nelson Goodman

Selon le système héliocentrique, la Terre est en mouvement autour du Soleil ; selon notre perception ordinaire, la Terre ne se meut pas et c’est le Soleil qui est en mouvement ; on pourrait chercher à réconcilier ces deux affirmations opposées en les relativisant, en les rapportant à un certain point de vue sur le monde : ces deux versions, la version héliocentrique et la version géocentrique, devraient alors être considérées comme des perspectives sur le monde, et il faudrait alors distinguer, au moins en principe, ces versions ou ces perspectives, en tant que descriptions ou représentations, du monde lui-même, en tant qu’objet de ces représentations. On pourrait par ailleurs étendre la notion de perspective et de point de vue sur le monde à d’autres champs, en particulier celui de l’art ; il n’y aurait pas seulement une perspective géocentrique et une perspective héliocentrique, mais aussi une perspective-Monet, une perspective-Magritte, une perspective-Balzac, une perspective-Flaubert, une perspective-Bach, une perspective-Thelonious Monk, une perspective-Gainsbourg, une perspective-Dylan etc. La reconnaissance qu’il existe de plein droit une pluralité et peut-être une infinité de points de vues possibles sur le monde, chacun autorisant une version correcte de celui-ci, pourrait sembler ainsi donner à une approche pluraliste des manières d’aborder le monde, toute sa légitimité, sans pour autant mettre en cause l’unité dernière du monde, en tant qu’objet saisi selon ces points de vues, ces perspectives irréductiblement distinctes.

C’est autant la nécessité que la pertinence d’une telle synthèse conciliatrice entre unité du monde et pluralité des versions du monde que Goodman remet en question; là est l’un des fils conducteurs de Manières de faire des mondes (1978), et on pourrait être tenté d’y voir une thématique nouvelle, voire une rupture dans la pensée de Goodman, par rapport à ses productions antérieures, en particulier par rapport au pluralisme méthodologique justifié et mis en œuvre dans son maître ouvrage et son chef d’œuvre, The Structure of Appearance (1951)…

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Socialisation et réalisation de soi dans l’Emile

Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes construit une opposition manifeste entre socialisation et réalisation de soi. Le portrait de l’homme à l’état de nature permet, par contraste, d’identifier les pathologies de la vie sociale moderne, qui écarte de lui-même et semble condamner au malheur l’individu. Car celui-ci ne vit plus comme le faisait l’homme de la nature, dans le seul rapport à soi. Ce dernier vivait à la fois en lui-même et pour lui-même : son comportement n’était motivé que par le seul amour de soi, il était indépendant, il n’avait avec les autres individus aucune relation morale. L’homme sociable vit au contraire dans l’opinion des autres et, dès lors, pour les autres (il cherche leurs faveurs) . Les comportements sont donc alors déterminés par les jugements d’autrui et non par les penchants naturels. Il faut répondre aux attentes des autres individus, ou ce qu’on imagine être tel. Les individus sont conduits à une représentation permanente d’eux-mêmes : il faut feindre, paraître avoir les talents ou les qualités qui permettront d’être bien jugé. L’espace civil décrit ainsi dans le second Discours n’est qu’une concurrence effrénée pour le prestige.

La relation à soi et la relation aux autres se modifient donc réciproquement dans l’état civil : l’intersubjectivité empêche de vivre en soi-même, l’orgueil et plus généralement toutes les passions d’amour-propre, empêchent les sentiments de sociabilité. Ces passions sont autant de conditions d’impossibilité du bonheur : le mécontentement est perpétuel, celui qui veut être tout pour être estimé davantage que les autres est condamné à être irrité par « tout ce qui étant quelque chose nous empêche d’être tout » .

Mais si la socialisation marque l’impossibilité d’une vie réussie, entendue ici de manière très générale comme vie heureuse, n’est-ce pas de facto restreindre les fins que l’éducation mise en place dans l’Emile se propose d’accomplir ? Lui faut-il soit renoncer à faire d’Emile un être heureux, soit renoncer à en faire un être sociable ? Faut-il choisir entre élever un individu pour lui-même et élever un individu pour les autres ?

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Aristote Ethique à Nicomaque Livre V

La composition de l’Ethique à Nicomaque présente l’allure, même reconstituée, d’une ascension : elle suit une haute progression par les vertus morales et dianoétiques, ou ce qui les fortifie (livres II-IX), vers l’objet final de l’éthique, défini au livre I, et étudié au livre X, le bien- vivre. Cette progression donne ainsi une structure circulaire à l’œuvre : le dernier livre revient sur le premier, la pensée s’y achève en déterminant la fin de l’éthique. Le terme retrouve le commencement qui se trouve fondé en lui. En même temps l’Ethique à Nicomaque articule la politique et l’éthique dont elle n’est qu’un moment. S’ouvrant sur l’idée de Souverain Bien, et sur la politique comme science architectonique du «bien proprement humain», elle s’achève en introduisant les livres de la Politique. Le bonheur est cette idée nominale qui constitue la fin de toutes les activités et le sens de l’existence humaine, fin ultime qui est formellement la même que la fin politique. On comprend donc immédiatement l’importance de la question de la justice dans l’ensemble des livres sur l’éthique.

Le livre V constitue un traité de la justice . La considération de la justice vient clore l’examen des vertus morales, commencé au livre III et poursuivi au livre IV. Aristote choisit de consacrer tout un livre à la vertu de justice (dikaiosunè). Mais encore tout l’intérêt de ce traité sur la justice, et tout l’apport d’Aristote à la philosophie du droit, consistent-ils à dégager la justice de son approche exclusivement morale. Aristote propose ainsi une série de distinctions importantes entre la justice générale, vertu de justice ou justice légale, et la justice particulière qui se définit de façon privilégiée non par rapport à la loi mais par rapport à la notion d’égalité. C’est cette seconde espèce de justice qu’il privilégie, la subdivisant à son tour en justice distributive et justice corrective.

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La question de l’éducation naturelle dans l’Émile de Rousseau

Dans l’Émile, Rousseau prend pour objet ce que la philosophie de son
temps a délaissé, « la première de toutes les utilités qui est l’art de former
des hommes ». Mais pour bien former les hommes, il faut les connaître :
l’éducation ne se sépare pas de l’anthropologie, l’Émile, comme le souligne Rousseau dans sa Lettre à Ch. De Beaumont, est bien une « Théorie de l’homme ». Les éducations traditionnelles ne sont pas convenables à l’homme, qu’elles ne connaissent pas et déforment. Et c’est précisément
contre cette méconnaissance que Rousseau veut jeter les bases d’une
éducation naturelle, « bien adaptée au coeur humain ».
Cette éducation est définie par une double disjonction. D’une part, on
peut choisir de faire un citoyen, par une éducation publique et commune à
tous, ou de faire un homme, par une éducation domestique et particulière.
Les conditions politiques n’étant plus réunies pour une éducation publique,
il faut opter pour une éducation domestique. D’autre part, celle-ci peut
projeter soit d’élever un enfant pour la place qu’il occupe dans l’ordre social,
soit de l’élever indépendamment des rangs et des conditions. La première
éducation n’est plus convenable au monde moderne : les positions sociales
ne sont plus des castes comme dans l’ancienne Égypte, « les rangs
demeurent [mais] les hommes en changent sans cesse ». L’éducation
d’Émile, domestique, fera donc abstraction des conditions sociales
d’existence.

En résumé, si l’éducation dont Rousseau délimite les contours dans les
premières pages de l’Émile peut être dite naturelle, c’est qu’elle n’est ni
civile ni sociale. Autrement dit, naturel a ici un sens négatif et critique. Mais
peut-on gagner en précision et donner à ce terme un sens positif et normatif ?

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Aristote Ethique à Nicomaque Livre X

Le titre traditionnel de l’Éthique à Nicomaque (éthika nikoma – sous entendu bibla) est : Livres de morale édités par Nicomaque . Ce titre n’est pas d’Aristote et il est peu probable qu’Aristote ait donné seulement un titre à son cours de morale. On ne doit pas oublier que les œuvres qui nous sont parvenues ont été laissées par Aristote sous la forme de notes, que ce sont des travaux ésotériques (à l’intérieur de l’Ecole) ou « acroamatiques » (destinées à l’enseignement oral) – les œuvres exotériques, elles, ayant été perdues comme souvent pour la philosophie antique dans les premiers siècles de l’ère chrétienne (De la philosophie, le Protreptique…) – et que donc l’ordre et l’unité des textes demeurent toujours problématiques. D’ailleurs quand Aristote fait référence à son enseignement moral (cf. Jaeger), il se réfère le plus souvent (à l’exception tardive du livre 4 de la Politique) à son premier cours, c’est-à-dire à l’Éthique à Eudème. En tois éthikois écrit toujours Aristote (cours de morale). On notera qu’il ne parle jamais de la morale, de la science morale (hè éthikè), même si l’on trouve l’expression d’« ètikè theôria» – science étant ici à entendre au sens large de sagesse. Et même s’il propose de distinguer entre science (épistèmè) pratique, poiétique et théorétique (Métaphysique, E, 1, 1025b3-28), il ne faut pas en conclure qu’Aristote pose les principes d’une science de la moralité. Cette « science pratique » a pour objet l’action humaine, « non pas l’action posée ou passée, mais l’action à poser (prakton), l’action à venir (esomenon), non pas l’action d’autrui, mais l’action que doit réaliser le sujet connaissant ».