Les images sont-elles toutes de la mĂȘme famille ? De l’unitĂ© de l’imagination

image_cabestan.gifJe contemple “la” gravure de DĂŒrer ; puis, l’abandonnant, j’imagine un chevalier affrontant la mort ; enfin je m’assoupis et voici que ce que je contemplais ou imaginais, je le rĂȘve. Le sujet visĂ© mis Ă  part, quoi de commun entre ces diffĂ©rents actes de ma conscience ? L’un suppose le sommeil et les deux autres un Ă©tat de veille. Dans un cas nous fait face une feuille de papier recouverte de traits noirs et inscrite dans l’espace de la perception, dans les deux autres la conscience forme, indĂ©pendamment semble-t-il de tout support, une image de son choix. Ne doit-on pas seulement dans ces deux derniers cas parler au sens propre de re-prĂ©sentation (VergegenwĂ€rtigung) ou, selon la traduction adoptĂ©e par Sartre que nous conserverons dans cette Ă©tude, de prĂ©sentification ? Est-il possible dans ces conditions d’invoquer Ă  chaque fois une seule et mĂȘme fonction de la conscience ? Ne faut-il pas au contraire soigneusement distinguer entre une conscience d’image Ă  partir d’un support matĂ©riel perceptible dans l’espace objectif et l’image mentale ? La spatialitĂ© de l’une est-elle la spatialitĂ© de l’autre ?

Et pourtant si on dit “voir” ou “regarder” un portrait, des photographies, une gravure, nul ne dira que le chevalier de DĂŒrer est perçu. Ni perçu, ni signifiĂ©, c’est-Ă -dire visĂ© Ă  vide, doit-on dire alors que dans le rĂȘve, dans l’imagination comme dans la “perception” de la gravure, le chevalier est donnĂ© en image ? Et dans un mĂȘme mouvement ne doit-on pas Ă©largir le champ de l’imagination et y introduire toutes ces “images” que sont le reflet de mon visage dans un miroir ou Ă  la surface de l’eau, l’ombre d’un corps ou d’une maison engendrĂ©e par la lumiĂšre du soleil, le visage que je dĂ©couvre dans les arabesques du tapis ou dans les volutes d’un nuage, etc. ?

La question de l’image chez Fichte

image-fichte.gifDu point de vue de l’histoire de la philosophie, il est frappant de voir deux philosophes aussi diffĂ©rents que Fichte et Bergson accorder Ă  l’image un rĂŽle essentiel pour traiter du rapport de l’esprit au monde. Ce que Bergson fait dans MatiĂšre et mĂ©moire sur le plan d’une psychologie philosophique, en vue d’expliciter la nature de la perception, Fichte le fait dans le contexte diffĂ©rent de la systĂ©matisation de l’idĂ©alisme transcendantal, en dĂ©veloppant une W.L. , une logologia qui deviendra une doctrine de l’image. On ne poursuivra pas ici le parallĂšle entre les deux auteurs pour ce qui est du traitement de l’image, on s’intĂ©ressera seulement Ă  la fonction du Bild, du Bilden dans la pensĂ©e de Fichte. GĂ©nĂ©ralement on voit dans la W.L. une systĂ©matisation de l’idĂ©alisme critique et de la thĂ©orie kantienne du schĂ©matisme, ce qui expliquerait le rĂŽle donnĂ© Ă  l’imagination (Einbildungskraft) dans l’analyse fichtĂ©enne du mĂ©canisme de production des reprĂ©sentations nĂ©cessaires du Moi fini. Cependant, jusqu’en 1800, jamais le premier Fichte n’a dĂ©duit du rĂŽle Ă©minent de l’Einbildungskraft la consĂ©quence selon laquelle nos reprĂ©sentations ne seraient que des images de l’ĂȘtre : si le Moi est producteur d’images, en aucun cas Fichte n’accepte ici un dualisme rĂ©el entre le phĂ©nomĂšne et la chose en soi, que la thĂ©orie de l’imagination transcendantale a justement pour but de supprimer. Les images comme produits renvoient Ă  l’activitĂ© du Moi et non Ă  un ĂȘtre hors du Moi, a fortiori supĂ©rieur au Moi. L’image comme telle ne devient l’objet d’une thĂ©matisation explicite par Fichte que lorsque l’Einbildungskraft est pensĂ©e Ă  partir de la nature de Bild, ce qui semble paradoxal puisque le produit semble Ă©clairer l’instance productive, dĂ©fiant tout ce que l’idĂ©alisme critique nous avait appris jusque lĂ . Cette inversion n’a rien de surprenant si on rappelle les mĂ©diations spĂ©cifiques qui renvoient au destin de la W.L. lors de sa rĂ©ception et si on tient compte des objections Ă©mises Ă  son propos par les adversaires et les contradicteurs de Fichte. AprĂšs la Lettre de Jacobi et la Querelle de l’AthĂ©isme, Fichte modifie la prĂ©sentation de la W.L. et opĂšre des modifications doctrinales qui lui apparaissent indispensables pour sauver l’idĂ©alisme face au nouveau dogmatisme qui s’annonce.

Aristote Ethique Ă  Nicomaque Livre X

Le titre traditionnel de l’Éthique Ă  Nicomaque (Ă©thika nikoma – sous entendu bibla) est : Livres de morale Ă©ditĂ©s par Nicomaque . Ce titre n’est pas d’Aristote et il est peu probable qu’Aristote ait donnĂ© seulement un titre Ă  son cours de morale. On ne doit pas oublier que les Ɠuvres qui nous sont parvenues ont Ă©tĂ© laissĂ©es par Aristote sous la forme de notes, que ce sont des travaux Ă©sotĂ©riques (Ă  l’intĂ©rieur de l’Ecole) ou « acroamatiques » (destinĂ©es Ă  l’enseignement oral) – les Ɠuvres exotĂ©riques, elles, ayant Ă©tĂ© perdues comme souvent pour la philosophie antique dans les premiers siĂšcles de l’ùre chrĂ©tienne (De la philosophie, le Protreptique
) – et que donc l’ordre et l’unitĂ© des textes demeurent toujours problĂ©matiques. D’ailleurs quand Aristote fait rĂ©fĂ©rence Ă  son enseignement moral (cf. Jaeger), il se rĂ©fĂšre le plus souvent (Ă  l’exception tardive du livre 4 de la Politique) Ă  son premier cours, c’est-Ă -dire Ă  l’Éthique Ă  EudĂšme. En tois Ă©thikois Ă©crit toujours Aristote (cours de morale). On notera qu’il ne parle jamais de la morale, de la science morale (hĂš Ă©thikĂš), mĂȘme si l’on trouve l’expression d’« ĂštikĂš theĂŽria» – science Ă©tant ici Ă  entendre au sens large de sagesse. Et mĂȘme s’il propose de distinguer entre science (Ă©pistĂšmĂš) pratique, poiĂ©tique et thĂ©orĂ©tique (MĂ©taphysique, E, 1, 1025b3-28), il ne faut pas en conclure qu’Aristote pose les principes d’une science de la moralitĂ©. Cette « science pratique » a pour objet l’action humaine, « non pas l’action posĂ©e ou passĂ©e, mais l’action Ă  poser (prakton), l’action Ă  venir (esomenon), non pas l’action d’autrui, mais l’action que doit rĂ©aliser le sujet connaissant ».

Retour sur la signification phĂ©nomĂ©nologique de la notion d’image dans MatiĂšre et mĂ©moire

Je voudrais, tout d’abord, prĂ©ciser le sens que je donne Ă  la notion de « phĂ©nomĂ©nologie » dans mon titre. Par « phĂ©nomĂ©nologie », j’entends le refus de poser le moindre problĂšme philosophique indĂ©pendamment de la question du sujet et de l’objet. Ce refus caractĂ©rise la phĂ©nomĂ©nologie historique, celle-ci dĂ»t elle, par aprĂšs, rĂ©cuser l’opposition du sujet et de l’objet, comme c’est le cas, chez Husserl, avec la notion d’intentionnalitĂ©, comme c’est le cas, chez Heidegger, pour d’autres raisons. Or, on a souvent reprochĂ© Ă  Bergson l’absence de problĂ©matique du sujet et de l’objet dans son Ɠuvre, et on a souvent affirmĂ© que la durĂ©e, en raison de cette absence, a tous les caractĂšres d’une chose, qu’elle existe en troisiĂšme personne, qu’elle ne constitue en rien une conscience, qu’elle est une chose simplement plus subtile que les solides inorganisĂ©s. Ce reproche fut formulĂ© par Sartre, dans L’imagination , mais aussi dans la cĂ©lĂšbre « Note sur l’intentionnalitĂ© », plus prĂ©cisĂ©ment : « Une idĂ©e fondamentale de la phĂ©nomĂ©nologie de Husserl : l’intentionnalitĂ© »…

Etude des Trois Dialogues entre Hylas et Philonous

Berkeley avait conçu comme texte philosophique majeur les Principes de la connaissance humaine, parus en 1710. Du titre, le lecteur pouvait espĂ©rer un certain contenu, Ă  savoir que lui soit montrĂ© non seulement d’oĂč part la connaissance humaine, mais aussi ce qui la rend possible et comment elle se construit et devient lĂ©gitime. Or, quand il repose le livre, le lecteur peut ĂȘtre assez perplexe sur cette question. En effet, il peut avoir le sentiment que si l’auteur consacre tous ses efforts Ă  lutter contre ce qui Ă  ses yeux serait un obstacle majeur Ă  la connaissance humaine, (tout spĂ©cialement la supposition d’une matiĂšre inconnue, de qualitĂ©s premiĂšres support de qualitĂ©s secondes, l’explication mĂ©caniste des phĂ©nomĂšnes, etc.), par ailleurs il ne s’inquiĂšte guĂšre de dĂ©montrer positivement que, sur la base qu’il propose, Ă  savoir les sensations, une connaissance s’élabore, ni selon quelles voies. Berkeley nous assure que le point de dĂ©part est bel et bon : percevoir un objet c’est ĂȘtre sĂ»r qu’il existe ; qu’il n’y a rien d’inconnu ou d’autre Ă  chercher hors des sensa-tions que nous en avons et que notre connaissance peut s’y appuyer.

Mais un embarras subsiste : car, aprĂšs tout, peut-on dire qu’une sensation « sait », est dans le vrai dĂ©jĂ  ; ou faut-il reconnaĂźtre, selon la formule cĂ©lĂšbre proposĂ©e dans la Siris, qu’« Ă  strictement parler le sens ne connaĂźt rien » et que le sa-voir suppose des mĂ©diations ?

Un aspect de la Lettre sur les aveugles : Diderot contre Voltaire

Sans ĂȘtre un adepte, au sens strict, de l’immatĂ©rialisme de Berkeley, Voltaire s’oppose, dans les ÉlĂ©ments de la philosophie de Newton (1738), Ă  l’acceptation d’une causalitĂ© purement matĂ©rielle et gĂ©omĂ©trique dans l’explication des phĂ©nomĂšnes. Aussi accuse-t-il Descartes lui-mĂȘme, de conduire au matĂ©rialisme athĂ©e, dans le TraitĂ© du monde, en voulant rendre compte de l’ordre de l’univers simplement Ă  l’aide de la matiĂšre et du mouvement. Le newtonianisme reprĂ©sente alors, et Ă  ses yeux, la premiĂšre « physique » de l’ñge de la raison, qui rompt dĂ©finitivement avec l’ùre des systĂšmes arbitraires des cartĂ©siens, mais aussi le fondement d’une « mĂ©taphysique » finaliste et dĂ©iste, notamment lorsque qu’il s’agit de traiter de la lumiĂšre et de la vision. Du point de vue qui nous intĂ©resse, Voltaire commence par souligner que nous ignorons la nature de la lumiĂšre, bien qu’il s’agisse d’un corps, dont les parties ou corpuscules, sont solides. Il re-prend en effet l’hypothĂšse de Newton, selon laquelle la lumiĂšre n’entre ja-mais en contact avec les corps. Le prĂ©jugĂ© vulgaire, qui veut que les rayons lumineux rejaillissent de la surface solide des objets, pour nous en apporter les images, et que les corps soient donc d’autant plus aptes Ă  rĂ©flĂ©chir ces images qu’ils comprennent moins de pores ou de vide, est dĂ©mentie par deux arguments principaux…

Cézanne chez Merleau-Ponty

cezanne.jpgDĂ©crivant la perception, parce que penser, c’est, selon l’exigence husserlienne, revenir par une question en retour sur l’Ă©vidence du monde, Merleau-Ponty la dĂ©couvre, dĂšs la PhĂ©nomĂ©nologie de la Perception, comme jeu du sujet et du monde oĂč tous deux surgissent, co-naissent dans un rapport qu’il faut penser comme recouvrement de l’un par l’autre.

Aussi « la vision est dĂ©jĂ  habitĂ©e d’un sens » , et ce sens, immanent au sensible, nous interdit aussi bien l’analyse psychologique rĂ©ductrice que l’attitude rĂ©flexive qui prĂ©tend produire la perception comme synthĂšse ;  » le sentir est cette communication vitale avec le monde qui nous le rend prĂ©sent comme lieu familier de notre vie” .

Reste Ă  comprendre cette communication par laquelle j’habite un monde et un monde hante ma conscience. Comprendre c’est-Ă -dire revenir Ă  l’expĂ©rience “de la chose mĂȘme”, « rĂ©veiller l’expĂ©rience perceptive » parce que « l’expĂ©rience anticipe une philosophie comme la philosophie n’est qu’une expĂ©rience Ă©lucidĂ©e ».

Mais comment revenir Ă  la perception mĂȘme dans sa vĂ©ritĂ©, dans son originaritĂ©, s’il est vrai, comme le voulait Merleau-Ponty, et comme l’enseignait Panofsky, que nous avons « dĂ©sappris de voir » ?

Dans la PhĂ©nomĂ©nologie de la Perception, comme dans la Structure du Comportement, le dĂ©tour par la description psychologique paraĂźt encore nĂ©cessaire, elle ne suffit cependant jamais ; insuffisamment radicale, entachĂ©e d’objectivisme et d’empirisme, elle demande Ă  ĂȘtre reconduite Ă  sa vĂ©ritĂ© par une expĂ©rience plus pure et plus vivante – et plus irrĂ©flĂ©chie-, celle du peintre.

Par-delĂ  Bien et Mal

par_dela_bien_et_mal.jpgAu dĂ©but de la GĂ©nĂ©alogie de la morale, Nietzsche s’interroge et exprime ses soupçons quant Ă  l’origine de la morale. Nietzsche mĂšne une rĂ©flexion sur la provenance de nos prĂ©jugĂ©s moraux, sur l’origine du mal, sur la prĂ©histoire du Bien et du Mal. Nietzsche examine Ă©galement la valeur de la pitiĂ© et de la morale de la pitiĂ©, des « valeurs » morales.

Pour Nietzsche, l’origine de la morale se trouve dans les pulsions. Ce n’est pas celle qui est reconnue et qui la font provenir des idĂ©aux. Ainsi Nietzsche soupçonne, s’interroge, se mĂ©fie de ce qui est Ă©tabli officiellement. Le psychologue et le gĂ©nĂ©alogiste qu’il est constate que les idĂ©aux moraux sont des travestissements, pour mieux cacher une origine considĂ©rĂ©e comme honteuse (pudenda origo) – cette expression se trouve Ă  plusieurs endroits dans l’Ɠuvre de Nietzsche, par exemple dans Aurore.

Il y a donc de quoi se cacher et non pas de se vanter. Les idĂ©aux moraux ne sont pourtant pas descendus du ciel, ils n’existent pas comme le “Bien en soi” platonicien. Ils n’ont pas de fondement dans “l’ĂȘtre”, dans la “vĂ©ritĂ© absolue”. Les “idĂ©aux moraux” ne sont que, ne sont seulement que (expression que Nietzsche emploie souvent) le travestissement de certains jeux pulsionnels et donc de certaines typologies, de certains types d’organisation des pulsions entre elles.

Nietzsche – Aurore – Commentaire

Aurore reprĂ©sente la pĂ©riode (1881-1886) oĂč Nietzsche cristallise sa problĂ©matique concernant la morale. Il en questionne la signification en s’intĂ©ressant Ă  son origine.

L’origine de la morale est cachĂ©e dans la profondeur, l’arriĂšre-plan. Elle se trouve comme dans un sous-sol, un souterrain. Cette position de Nietzsche dans Aurore est nouvelle par rapport aux propos qu’il a tenus prĂ©cĂ©demment, par exemple dans Humain trop humain. À cette Ă©poque, Nietzsche fait plutĂŽt de la chimie des sentiments moraux que des Ă©valuations et interprĂ©tations. C’est l’analyse des affects. La chimie est comme une science naturelle, elle s’intĂ©resse aux causes et aux effets. La morale est un rĂ©sultat, la consĂ©quence d’une histoire. La morale a une histoire, elle se fonde sur la tradition, les mƓurs, les habitudes d’obĂ©issance. Les traditions morales, selon Nietzsche, valent plus par leur anciennetĂ© que par leur valeur intrinsĂšque. On respecte les mƓurs Ă©tablies. C’est un rĂ©flexe conservateur et traditionnel de la pensĂ©e. Ce qui est moral, c’est ce qui se fait. La plupart des philosophes, estime Nietzsche, n’ont fait qu’emboĂźter le pas. Les fondateurs de la morale sont en fait des personnes qui entĂ©rinent la ou les morales dominantes. C’est ce qu’il montre dans Humain trop humain

Dans Aurore, Nietzsche essaie de montrer que dans la morale, il s’agit plus d’expressions cryptĂ©es, d’affects, de pulsions, d’intĂ©rĂȘts que de mƓurs, de traditions, de pratiques Ă©tablies. Nietzsche est en train de rechercher comment on peut dĂ©signer sa recherche gĂ©nĂ©alogique s’appuyant sur la psychologie, pour fouiller les profondeurs.

Aurore est le livre oĂč Nietzsche esquisse pour la premiĂšre fois la thĂ©orie selon laquelle ce sont les instincts qui constituent l’ĂȘtre, la nature d’un individu.

La place du Prince dans l’Ɠuvre de Machiavel

Dans La vie de Castruccio Castracani da Lucca, Machiavel trace le portrait et relate les hauts faits d’un petit tyranneau de la Toscane du XIV° siĂšcle. Le portrait est enjolivĂ©, la biographie est romancĂ©e, suffisamment du moins pour que Castruccio Castracani puisse incarner, par sa virtĂč, le prince idĂ©al que Machiavel appelait de ses vƓux pour l’Italie. De la maniĂšre la plus traditionnelle, Machiavel assaisonne cette Vie de Castruccio Castracani da Lucca de quelques bons mots qu’on lui attribuait. Dont celui-ci (937) :
« Il disait Ă  un homme qui se donnait pour philosophe : « Vous autres, messieurs, vous ressemblez aux chiens qui s’attachent Ă  ceux qui leur donnent le plus Ă  manger » ».
Machiavel ne parle pour ainsi dire jamais de la philosophie. Raison de plus pour s’attarder sur un tel propos, surtout lorsqu’il est attribuĂ© Ă  un homme dont Machiavel fait un portrait aussi flatteur. Ces philosophes, que fustige Castruccio, ne sont mĂȘme pas, comme chez Nizan, des « chiens de garde », qui seraient au moins capables de mordre. Ce sont des chiens d’agrĂ©ment, qui portent tĂ©moignage de l’amollissement des mƓurs.