Publications par Cournarie Laurent

L’inconscient, la philosophie et la psychologie

De quoi l’inconscient est-il l’origine ? Cette question contient deux déterminations : l’inconscient a rapport à l’idée d’origine mais cette origine est immédiatement affectée d’indétermination. Précisons ces deux points. Le premier recouvre notre compréhension ordinaire de la notion d’inconscient. Comment la pensée en vient-elle à concevoir l’inconscient ? A l’évidence, l’inconscient est un concept négatif […]

Contre la techno-science, pour un modèle écologique de la science

Pour la philosophie, y compris la philosophie des sciences, la science est largement restée « une affaire de discours ». La science est essentiellement théorie. Même les épistémologues comme Canguilhem qui ont fait descendre l’histoire des sciences du ciel mathématique ou de la physique vers « des régions où les connaissances sont beaucoup moins déductives » continuent de voir […]

L’animal éthique donc que je suis

L’animal est désormais un thème “sociétal” majeur. Selon un sondage Ifop de 2013 pour la Fondation 30 Millions d’Amis, 89% des personnes interrogées se disaient favorables à la modification du statut juridique de l’animal dans le Code civil, par la création d’une catégorie nouvelle, à côté de celle de personne et de bien. Depuis 2015 […]

Le rêve de d’Alembert de Diderot – Une brève introduction

Le Rêve de d’Alembert est sans doute l’une des œuvres philosophiques les plus importantes de Diderot : « forme éblouissante du dialogue, audace inouïe des hypothèses, divination prophétique des conquêtes de la science moderne ». C’est en même temps une des œuvres les plus déconcertantes de l’histoire de la philosophie. Le dialogue est un genre philosophique qui […]

L’empereur Marc-Aurèle fut-il un philosophe stoïcien ?

Marcus Annius Verus (futur Marc Aurèle) naît en 121 dans une famille riche. Après la mort de son père, il est remarqué et protégé par l’empereur Hadrien. Avant de décéder (138), ce dernier adopte Antonin pour lui succéder auquel il demande d’adopter le jeune Marcus, élevé un an après à la dignité de César (prince […]

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Ethique, Humain, IA – Valeur ethique et plus-value de l’ethique de l’IA

Les êtres humains ont toujours vécu selon des règles éthiques, ces règles ayant toujours constitué le signe de l’exception ou de la spécificité humaine : l’homme est un animal éthique. D’un autre côté, nous vivons déjà et nous vivrons toujours plus dans un environnement d’IA généralisée. Dès lors la question des rapports entre IA, éthique et […]

Philosophie et morale – Eléments d’éthique contemporaine

A propos de la morale, on se croit parfois bien inspiré de se tourner vers la philosophie. Pourtant les hommes n’ont pas attendu les philosophes pour vivre et peut-être agir moralement. Que peut donc en dire la philosophie si elle ne peut avoir la prétention d’inventer la morale ? Même, la philosophie n’est-elle pas nuisible à la morale commune ? On peut se demander ainsi avec le philosophe Bernard Williams si la philosophie morale ne perturbe pas nos évaluations éthiques, si les catégories de la théorie morale (comme les concepts d’obligation, de devoir, de bien, de bon) ne sont pas trop étroits pour comprendre et décrire nos pratiques, si la théorie ne travestit pas la vie morale telle qu’elle se pratique et se réfléchit dans ses concepts « épais » (thick) comme fidélité, courage, etc.. Il y a une épaisseur, une variété, une richesse de la vie morale que l’étroitesse (thin) des concepts de la philosophie morale est amenée à négliger ou à trahir.

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L’éthique artificielle ou l’éthique d’après l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle (IA) est en train de bouleverser nos vies sous nos yeux, malgré nous et avec notre consentement. Ce n’est pas la première révolution. Lévi-Strauss considérait qu’il y avait eu deux révolutions majeures dans l’histoire de l’humanité : la révolution néolithique et la révolution industrielle. Il se pourrait que la révolution numérique soit la troisième du genre. Elle en possède la radicalité, mais avec pour spécificité d’être une révolution de et par l’intelligence. Révolution par l’intelligence — on est passé à une société de la connaissance, c’est-à-dire à une société où tous les rapports sont médiatisés par des systèmes informatiques ; révolution de l’intelligence parce que l’intelligence est (dite) artificielle.

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La politique et la démocratie

Qu’est-ce que la politique ? La définition la plus commune est celle-ci : l’art de vivre ensemble. Cette définition mérite considération, non pas qu’elle soit indiscutable, mais parce qu’elle ouvre à la dimension problématique du champ qu’elle désigne, c’est-à-dire pour nous son irréductibilité.
Notre hypothèse est paradoxale : on commence par ce qui en général constitue l’objet ou la fin de la réflexion (philosophique) sur la politique : démontrer l’autonomie du champ politique : par rapport au religieux du point de vue de l’autorité, par rapport à l’économie du point de vue des échanges, par rapport à la morale du point de vue de la norme. Et la démonstration de cette autonomie passe en général par une histoire de l’Etat : la question de l’Etat se présente comme la question politique principale parce qu’avec lui la politique s’affirme dans son autonomie (le politique), c’est-à-dire dans la reconnaissance de son pouvoir propre, pouvoir de la violence légitime comme dira M. Weber. Donc l’autonomie de la (du) politique est ce qu’il faut prouver et non ce qui doit être présupposé : le politique est ce qui émerge de l’activité gouvernementale (l’exercice du pouvoir) « par un processus d’institutionnalisation croissante, lié à la centralisation, au renforcement des appareils administratif et militaire, à l’homogénéisation juridique » , c’est-à-dire avec la formation de l’Etat moderne.

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De rerum natura. Commentaire du chant IV

L’épicurisme est une doctrine à part dans l’Antiquité. Jamais doctrine n’aura été comme celle-ci dominée par un seul homme : Epicure. Mais jamais aussi un disciple n’aura consacré plus de dévouement envers ce maître que Lucrèce. Un seul maître, un disciple pour toujours qui n’a rien à ajouter au « héros de la connaissance ». Et l’histoire veut que ce soit principalement par son disciple que la doctrine du maître (dont les œuvres très nombreuses ont été perdues et notamment un immense Peri phuseôs) nous soit connue. Aussi le De rerum natura est une œuvre unique en son genre. Bien entendu, Lucrèce appartient à cette lignée de penseurs, longtemps maudits, qu’on appelle matérialistes. Toute l’histoire de la philosophie serait un vaste champ de bataille où s’opposent de haute lutte l’idéalisme issu de Platon et la « ligne de Démocrite » comme disait Lénine : l’esprit contre la matière, la providence contre le hasard, le finalisme contre le mécanisme (cf. IV, 824-1057), l’atomisme contre la forme substantielle.