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L’Etat selon Carl Schmitt

Carl Schmitt a mauvaise réputation. Sa critique systématique du libéralisme, son apologie de l’Etat autoritaire, son adhésion au nazisme en mars 1933, son antisémitisme récurrent l’ont classé du côté des auteurs maudits. Certains disent qu’on a affaire à un idéologue et qu’il ne peut être étudié qu’à titre de document de l’histoire.
Il ne s’agit nullement de nier ou d’atténuer les orientations radicales et les options historiques condamnables de notre auteur. Toutefois nous ne pouvons suivre ceux qui veulent le réduire à un symptôme de l’histoire. Il faut bien admettre que Carl Schmitt est un véritable auteur et pas seulement un idéologue, à la manière de Rosenberg. Il a composé une œuvre substantielle dans laquelle il pose les questions fondamentales du politique : Qu’est-ce que l’Etat ? Qu’est-ce que la souveraineté ? Qu’est-ce que la démocratie ? Qu’est-ce que la loi ? Quel est le rapport entre le droit et la force ? Comment maîtriser la violence guerrière ? Quel est le destin des peuples dans l’histoire ? Et pour répondre à ces questions il a élaboré un certain nombre de concepts qui sont devenus des outils communs de l’analyse politique : décisionnisme, état d’exception, désignation de l’ennemi, dictature commissariale et souveraine, identité et représentation, prime du pouvoir légal, compromis dilatoire, légalité et légitimité, puissance indirecte, grand espace, théologie politique, etc. Nombreux sont ceux qui ont pensé à l’occasion de Carl Schmitt et ont discuté avec lui en le prenant au sérieux.

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Whitehead, Procès et réalité, « Fait et forme »

Dans le chapitre de Procès et réalité intitulé « Fait et forme », Whitehead met en scène trois penseurs : Platon, Locke et lui-même. Le texte qui est en filigrane, c’est le Timée, et, en particulier, le passage (49 a-53 c) où Platon présente les trois genres de l’être : a) ce qui a une forme immuable ; b) ce qui tombe sous les sens, naît, est toujours en mouvement, naît dans un lieu déterminé, pour disparaître (le perishing de l’auteur) ; c) le troisième genre est le « réceptacle » (chora ou hypodochè) : « Il ne peut mourir et fournit un emplacement à tous les objets qui naissent ».
L’interprétation du « réceptacle » ou de la chora dans Aventures d’Idées montre l’importance de la notion pour Whitehead, car elle est ce qui ressemble le plus à la notion de « créativité ». Il cite Timée 49a qui qualifie le réceptacle de « mère nourricière de tout devenir », disant : « De toute naissance, elle est le support et comme la nourrice ».

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L’Etat ou la modernité politique en question

Régulièrement le débat politique se concentre sur la question de l’Etat. On entend dire qu’il faut restaurer l’autorité de l’Etat, lui rendre toutes ses prérogatives — quand d’autres annoncent la mort de l’Etat ou souhaitent sa fin. La cristallisation du discours politique sur la question de l’Etat révèle à elle seule la crise que traverse l’Etat (crise de l’Etat de droit au plan juridico-politique, crise de l’Etat-Providence au plan économico-social, crise de l’Etat-Nation au plan politique et économique de l’histoire mondiale).

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Les ordres de la nature

La réflexion sur l’ordre physico-chimique soulève deux types de problèmes :
– circonscrire les frontières de cet ordre ; et voir si, pris comme un système, il interfère avec un ou plusieurs autres ordres ;
– mettre au jour sa constitution interne, afin d’examiner s’il constitue un ensemble homogène ou s’il est fait de parties plus ou moins liées les unes aux autres, entre lesquels des problèmes d’interaction se posent.
L’ordre physico-chimique existe à l’intérieur des êtres vivants et hors des êtres vivants. Historiquement, l’étude de l’ordre physico-chimique hors des organismes vivants précède celle de cet ordre à l’intérieur des vivants, qui, de toute façon, n’a commencé que vers la fin du XVIIIe siècle, avec la fondation de la chimie moderne.

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L’apparition du monde dans l’œuvre d’art

C’est un truisme, pour les lecteurs d’Arendt, de dire que l’œuvre d’art est intimement liée au monde, encore que ce lien ne soit pas sans ambiguïté puisque l’activité de l’artiste, en tant qu’œuvrer, se fait en marge du monde.
Nous voudrions revenir sur l’esthétique d’Arendt à travers un axe de lecture inhabituel : montrer comment le monde nous apparaît dans l’œuvre d’art, comment il y devient visible. L’œuvre d’art nous ouvre le monde, laisse le monde venir à nous dans son apparition initiale. Elle se fait transparente pour laisser éclore l’apparition du monde. Nous pourrons alors mettre en évidence que c’est dans l’œuvre d’art que nous pouvons saisir la pureté de son essence phénoménale. Par conséquent l’objet de cet article est de proposer un autre écho de l’affirmation sans cesse répétée chez l’auteur : l’œuvre d’art est l’objet le plus mondain. Cette lecture nous conduit à établir un parallèle entre l’esthétique d’Arendt et celle de Merleau-Ponty.

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Peut-on connaître la nature?

Avant de nous appliquer au recensement des problèmes qu’évoque l’idée de nature, il convient de dire en quoi le sens de ce mot diffère du sens des mots «univers» et « monde ». Univers (en latin universum) est composé de deux racines : unus et verto, et a pour contraire diversum, participe passé de diverto ou divorto, aller dans des directions opposées, se séparer, divorcer. Dans univers, il y a donc l’idée d’un ensemble qui, en embrassant une totalité, se tourne vers l’unité. Il s’agit d’une unité faite d’une diversité qui constitue une totalité allant vers son unité. L’idée sous-jacente est donc celle d’un lien synthétique, d’une togetherness, dirait Whitehead. On voit donc par quel cheminement universum en est venu à désigner l’ensemble des choses, l’univers.
Dans l’idée de monde, mundus, – dont le contraire est immundus – il y a l’idée de propreté, de parure, et, par-là, l’ordonnance, comme dans le grec kosmos. Mundus signifie aussi le ciel et, plus généralement, la totalité des choses.

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L’existentialisme métaphysique de Thomas d’Aquin

L’étude des textes du Docteur Angélique conduit inévitablement à s’interroger sur la légitimité d’une partie de son entreprise : faire servir la philosophie d’Aristote à la formulation d’une théologie qui était à tous égards étrangère à ce dernier. Fondée sur des Écritures révélées, encombrées de récits cosmogoniques, de fables, et de chroniques historiques, à peu près exemptes de ratiocination métaphysique, cette théologie paraît devoir être mise au nombre des traditions mythologiques auxquelles Aristote oppose sa propre théologie philosophique.
C’est notamment un fait irrécusable qu’Aristote, démonstrateur de l’existence du Premier Moteur immobile, n’a pas professé une théorie de la création du monde. Mais qu’Aristote ne fût pas chrétien n’est qu’un fait, et, à en croire Thomas d’Aquin, la question est précisément de savoir si Aristote aurait pu, voire dû enseigner que le monde est créé par Dieu.

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Vie et mort dans la Phénoménologie

L’histoire de la phénoménologie possède – nous l’avons déjà écrit – sa logique et sa finalité : s’éloigner de Husserl . Presque tout phénoménologue part de Husserl, dont il reprend les concepts, la méthodologie descriptive, mais pour (presque) toujours rompre avec lui. La raison de cette démarcation à l’égard de son initiateur réside, pour la phénoménologie, dans un reproche radical : Husserl ne remplirait pas le programme qu’il s’était pourtant imposé. Le fondateur de la phénoménologie préconise de rompre avec les constructions métaphysiques pour saisir, dans l’immanence même de sa concrétude, l’expérience vécue la plus concrète. Il retombe cependant dans les travers de la métaphysique en instituant, à partir des Ideen I, un idéalisme transcendantal fondé sur un sujet absolu. Rien n’est plus métaphysique que le sujet. Se fonder sur lui ne peut qu’éloigner le penseur de la compréhension interne de l’expérience la plus originaire. Se fonder sur la subjectivité est une rupture avec la phénoménologie.

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Introduction lexicale à la pensée de Frege

Dans cette introduction, on trouvera analysées quelques notions fondamentales sur lesquelles Frege (1848-1925) a déployé sa réflexion. Exemplaire, tant par la clarté de l’exposition que par la rigueur des analyses, cette réflexion est celle d’un philosophe pour qui la recherche du vrai exclut toute forme de concession ou de compromis ; les polémiques qu’il engage avec ses contemporains (J.-S. Mill, Boole, Kerry, Husserl,…), en dépit de leur caractère parfois féroce, toujours incisif, n’ont d’autre motivation que l’exigence de précision conceptuelle et de rigueur que lui-même imposait à sa propre pensée. Le psychologisme fut sa cible principale. Conscient que la vérité n’admet pas de demi-mesure, et que la recherche du vrai est le seul absolu du philosophe, il donna raison aux objections que Russell (1902) lui adressa, et qui concluaient vingt années de labeur consacrées à la fondation logique de l’arithmétique, par un constat d’échec. Dans les pages qui suivent, sont abordées les notions suivantes : Concept, Dénotation, Existence, Jugement, Pensée, Unité, Vérité.

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Dans la quiétude de Kreuznach: Marx lecteur des Principes de la philosophie du droit de Hegel

Le texte que, faute d’en avoir le titre originel, à jamais perdu, nous appellerons manuscrit de Kreuznach relève incontestablement d’un paradoxe : ce qui se présente sous les auspices d’un exercice exégétique assez classique, rédigé dans la retraite d’un cabinet d’études, à savoir le commentaire paragraphe par paragraphe de la troisième partie, die Sittlichkeit, des Principes de la philosophie du droit de Hegel, constitue en fait le premier fruit d’une crise multiple, à la fois personnelle, sociale et politique, qui marque cette année 1843 en Allemagne. Il est donc nécessaire d’en dire quelques mots avant de procéder à l’étude du texte proprement dit. L’année qui précède la rédaction de ce manuscrit sonne en effet le glas des espoirs de réforme libérale que l’intelligentsia et l’opinion publique progressistes avaient placé en Frédéric Guillaume IV lors de son accession au trône prussien, en 1840.